Je trouve parfois dommage que la terre soit ronde... Toi et moi, nous n'irons jamais au bord du monde. Ni là, ni même au bord du temps.
Où allons-nous ? Qu'est-ce qu'on attend ? Mauvaises questions...
Image Thomas Barbey
Je trouve parfois dommage que la terre soit ronde... Toi et moi, nous n'irons jamais au bord du monde. Ni là, ni même au bord du temps.
Où allons-nous ? Qu'est-ce qu'on attend ? Mauvaises questions...
Image Thomas Barbey
Rédigé à 06:25 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
On ne donne jamais trop - On donne, c'est tout.
On ne prends jamais un peu - Même ce tout petit bout que tu casses et que tu emportes ne me reviendra jamais.
Quant à ce que l'on partage - ici et maintenant à l'endroit de la rencontre, ça imbibe la matière, ça la transforme, la mutile tendrement. Peut-être est-ce à cela que l'on reconnaît l'amour : à sa maladie.
Peinture Georges Braque
Rédigé à 10:39 dans J'aime les idées | Lien permanent
J'avais écrit, il n'y a pas si longtemps de cela, un petit dialogue sentimental ici même sur ce blog, poussée par mon intuition et je l'avais intitulé "la vérité sur le véritable". En le relisant, je le trouvais bien provoquant, ou du moins un peu sec, car sans aucune justification.
Lui : Est-ce que tu m'aimes tel que je suis ?
Elle : Certainement pas, je t'aime tel que je te vois et tel que je te compose.
Lui : Mais cet amour n'est pas vrai.
Elle : Mais si justement. La construction de mon amour pour toi est bien plus vraie que ne le sera jamais la moindre de mes interprétations de ton réel. Les vérités se créent et se portent à bout de bras.
Ce qui germait confusément dans mon esprit, continue depuis de s'enraciner, et hier, une fleur perça la tige... En écoutant, Jean michel Oughourlian, chercheur et écrivain, auteur du "Troisième cerveau" je rassemblais quelques pièces de mon imaginaire puzzle. Quant au cerveau de la connaissance et au cerveau de l'émotionnel, il rajouta le cerveau mimétique, celui qui active les neurones miroirs, expliquant comment l'homme procède toujours par imitation, alors je comprenais où mon intuition prenait sa source... Ce que j'appelle chez moi le syndrome de l'éponge, ma capacité fortement développée à entrer en empathie avec l'autre, de gober chaque geste, chaque accent, chaque mot de vocabulaire, me permet d'aller jusqu'à penser comme l'autre pense... et je le redisais encore dans mon article précédent "J'ai besoin de vous" :
"(...) Ce moment est toujours aussi fugitif, à peine conscient, à peine réél et pourtant, à cet instant précis, je ressens exactement la même chose que lui. Il m'aspire dans son miroir. (...) Je n'existe que dans l'autre. L'histoire de l'homme seul sur une île, c'est l'histoire de l'homme qui n'existe pas."
En somme, ce que démontre Oughourlian, c'est qu'il n'y a pas de "Moi". Le moi change en permanence puisqu'il se modifie toujours en fonction de l'autre, des autres.... "L'inconscient c'est les autres" affirme-t-il. Ça tombe bien parce que ça jette à la poubelle, une bonne fois pour toute, cette phrase que je déteste : "on ne change pas l'autre".
Cela induit également que finalement, il est bien difficile d'être "différent", "original". On est unique comme les autres. Léonard de Vinci, Picasso, Marcel Proust ont eux aussi été complétement influencés par les autres... Mais ce n'est pas ce sujet qui m'intéresse aujourd'hui.
Ce qui est vertigineux dans cette découverte scientifique, c'est bien que s'il n'y a pas de "Moi", alors, c'est le gouffre ! Un puit sans fond dans lequel on peut jeter à jamais toutes nos quêtes existentielles, car dès lors qu'est-ce que l'amour ? Qu'est-qu'est-ce que la vérité ? Qu'est-ce que le beau ? Toutes ces notions tellement subjectives ?...
Ça me fait réfléchir aussi à la question du chagrin d'amour, ce déchirement, ce sentiment que l'on n'arrivera plus à être soi sans l'autre.... Et bien c'est vrai, sans l'autre on ne sera plus jamais ce soi là... La bonne nouvelle, c'est que comprenant cela, on peut compenser en allant à la rencontre de ces autres qui nous permettront, petit bout par petit bout, de reconstruire ce soi tant aimé... "L'enfer c'est les autres" disait Sartre, certes, mais il faut désormais ajouter, à la lumière ce que j'entrevois des découvertes de Oughourlian que "mon salut c'est les autres"... Il faut rencontrer les autres pour se rencontrer soi-même.
J'ai besoin de toi + toi + toi + toi + toi + toi + toi.....
Si ce sujet vous intéresse, regardez cette émission absolument passionnante avec Michel Jouvet, Alain Corbin et Jean-Michel Oughourlian. Vous y apprendrez beaucoup de choses sur le cerveau mimétique... Mais aussi pourquoi les hommes ont des érections pendant leur sommeil... Ouais je sais, je raccole....
Photo - Georges Braque et Picasso
Rédigé à 12:38 dans J'aime les idées | Lien permanent
Balises: alain corbin, cerveau mimétique, Jean-Michel Oughourlian, le moi n'existe pas, michel jouvet, troisième cerveau
Je fais souvent cette expérience dans le métro, où la rame est dense de cette population d'anonymes qui s'ignorent les uns les autres. Je fais partie de la masse invisible et silencieuse. Parfois, je provoque un regard et c'est comme un cri : J'existe ! Je sors de l'eau un quart de secondes, je ricoche, puis replonge au banc des inconnus.
Un homme vient de monter. Je ne l'ai pas vu, je ne connais pas son visage, mais sa voix s'élève, perçant la masse ronflante. Il a besoin de nous, d'un peu de monnaie ou d'un ticket restaurant... Immanquablement, je vais plonger la main dans mon sac pour lui donner quelque chose : une pièce au mieux, un sourire au moins. Nouvelle collision / Nouveau cri.
Dans mon regard il existe, dans son regard j'existe. Ce moment est toujours aussi fugitif, à peine conscient, à peine réél et pourtant, à cet instant précis, je ressens exactement la même chose que lui. Il m'aspire dans son miroir. J'entends ce cri étouffé au fond de ma poitrine qui vient frapper à la porte, vibrant comme une lueur qui surgit du noir... J'ai besoin de vous ! Moi aussi j'ai besoin de vous ! Moi moi moi !!!! J'ai besoin de vous !!!!
Puis la lumière s'éteint et je n'ai plus besoin de rien. Je peux à nouveau dormir ma vie, jusqu'au prochain réveil, au prochain cri. Je n'existe que dans l'autre. L'histoire de l'homme seul sur une île, c'est l'histoire de l'homme qui n'existe pas.
Rédigé à 09:16 dans J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent
J'aime le "merci" espagnol : Gracias. Il puise dans sa source : la gratitude. Le "merci" en français est un mot qui glisse, qui échappe, qui se dit... As-tu bien dit merci ? Je n'ai rien entendu... oui ? Mais l'as-tu vraiment senti passer, ou as-tu juste ponctué ta phrase ? J'ai toujours eu le sentiment que le mot "merci" n'était pas suffisant, qu'il fallait le rallonger de #millemercis ou d'un interminable #mercimamamanchérieadoréedelavie, etc...
Le mot "merci" se dit, se jette, se suffit à lui-même, sans avoir même été éprouvé. Alors que la gratitude est un processus profond : elle se ressent, puis se donne, et l'autre la reçoit.
Pourquoi n'a-t-on pas dérivé en français de la racine latine "gratus" (reconnaissance) ?
Sans doute n'avait-on pas envie de ressentir de la gratitude envers la boulangère qui nous vend son pain, ou envers le garçon de café qui nous sert un Coca, ou envers le premier venu qui nous passe le sel. Dire merci, c'est reconnaître le service, pas le serviteur, c'est rester coupé de l'autre, c'est ne rien donner en fait. Dire merci, c'est ponctuer sa phrase correctement, comme on s'acquiterait d'un prix à payer. D'ailleurs, le mot "merci" vient du latin "merces" : Salaire, prix, récompense... troublant non ? Et cette expression qui me semblait jusqu'alors incompréhensible "remercier quelqu'un" pour le licencier... Elle prend une toute autre épaisseur... : S'acquitter de son solde de tout compte... On ne se doit plus rien. Fin. Tombé de rideau. Noir.
Je vais tenter d'avoir davantage de gratitude envers la vie et envers ceux que je croise. Car la gratitude c'est ce qui reste et qui continue d'illuminer nos chemins. Ce matin, j'ai reçu un message d'Annabelle Perceval qui m'a profondément touchée, et interrogée sur cette notion de gratitude. Je vous laisse découvrir son blog et sa note du jour : Qu'est-ce que c'est que compenser ? Et si vous avez aimé ses bonnes ondes, alors continuez avec la douce et inspirante Christie qui dessine inlassablement des spirales... Ah ma Christie... J'en dessine moi aussi des spirales...
Bonne journée à tous et à toutes. (photo d'Isadora Duncan)
Rédigé à 09:56 dans J'aime les idées | Lien permanent
Rédigé à 13:36 dans J'aime les idées | Lien permanent
Le gâteau arrive, il est toujours aussi étonnamment réussi, il a l'air délicieux, il se suffirait à lui-même en tant que repas de fête et pourtant l'artiste n'a su s'éviter le pécher d'orgueil de dernière minute. Et n'écoutant que sa joie devant un tel appareillage, il y rajoute sa petite cerise personnelle, permettant aux yeux émerveillés de faire déjà la différence avec le goût des autres. Mais cette pièce rapportée écarlate n'a en réalité rien à voir avec la douce légèreté de la pâte patiemment levée et la crème savamment parfumée.
Les erreurs les plus funestes sont ainsi, après une longue et puissante concentration, la phrase de trop, qui glisse, qui dévale et qui emporte la nappe. L'intuition trompeuse, l'enthousiasme mal dosé, la tâche...
On ne voit plus qu'elle, la petite connerie industrielle, et son goût est amer.
Le gâteau ? Non merci je n'ai plus très faim...
La cerise ? Comme toute tragédie... inoubliable...
Rédigé à 22:21 dans J'aime les idées | Lien permanent
La vie ça colle partout, ça tâche les paysages, les rues, les carrefours, les murs, les fenêtres, parfois même les chaises, un pull, un stylo... Toujours ce café sera le tien. Toujours ce carrefour sera le sien. Toujours ici, à l'angle de cette pharmacie, une pensée pour ce moment... Même les lieux de passage s'enduisent de cette image indécollable. Le seul moyen de la faire disparaitre est de l'étouffer sous une autre qui l'écrase... et encore... pas certain que ça marche longtemps.
Je sais les rues où je baisse la tête et celles où je lève les yeux. Les lieux se souviennent toujours des relations qui vous ont élevées et les autres.
Photo Tibor Honty
Rédigé à 18:50 dans J'aime les guides, J'aime les idées | Lien permanent
Sur la pointe des pieds, je ne suis pas tout à fait la même femme. Quelques centimètres de plus me permettent d'appercevoir ce quelque chose en plus. Je perds un peu de mon équilibre, une fébrilité peut-être. Tout à l'heure je me suis sentie plus grande. L'écrire ici c'est le vivre une seconde fois. Je suis plus grande... et redescendre... plus grande... et redescendre. La grâce du mouvement...
Rédigé à 20:04 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Attendre. Attendre encore. Faire la morte. Seuls les morts savent attendre vraiment qu'on vienne les retrouver.
Trouver le temps un peu trop profond pour un bain de minuit.
Photo collage deborah stevenson
Rédigé à 22:22 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
J'ai écris sur la porte : "Ça commence aujourd'hui". Là, maintenant, tout de suite et la seconde qui suit, et la seconde qui suit, je commence un nouveau présent. Toi aussi.
La vie nouvelle est possible à chaque pas, à chaque chemin choisi. Que j'avance droit ou que je marche en arrière, que je boite de côté, je me renouvelle. Toi aussi.
Alors je tente, je risque, je participe à un concours de nouvelles, le thème : "Toute ma vie est dans mon sac... Mais où est mon sac ?". Mon titre ? La vie nouvelle... Evidemment. Si tu veux, tu la peux lire ici et surtout tu peux voter (il parait qu'il faut voter) (décadence//pitrerie//aquoibon//putaindesystème)...
On peut y lire : "Cinq jours minuscules qui lui avaient permis de métamorphoser sa vie. Toutes les décisions si difficiles à prendre depuis un an avaient surgi du fond de son estomac comme des inconnues dont elle ignorait l’existence et les capacités. Elle avait observé cette lave brûlante sortir d’elle-même, détruire ses territoires occupés et tracer une nouvelle route. Plus rien ni personne ne pouvait avoir d’emprise sur elle."...
et aussi : "Elle se sentait à nouveau capable de vivre au jour le jour et de lâcher enfin ses envahisseurs. S’était-elle laissée posséder ou déposséder, rien de tout cela n’était encore clair pour elle, mais sa nouvelle vie avait commencé et ce pacte scellé avec elle-même se trouvait dans son sac rouge, flambant neuf."
Et toi ? Tu t'es laissé(e) posséder ou déposséder ? Si c'est ni l'un ni l'autre, je ne puis être que navrée pour toi...
Tapis tableau Herbert Bayer
Rédigé à 11:47 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Si je suis parfois tentée de vous raconter mes vacances, j'ai d'abord envie de vous dire que je n'ai vraiment rien fait. Arrêter de faire ce qu'on a à faire, et donc ne rien faire, c'est exactement ça les vacances. Vider le vase éventuellement, rien de plus.
S'allonger dans une chaise longue, presque nue, juste une paire de bottes de sept lieues. Et voyager loin vers l'ailleurs, cet autre soi qui était étouffé derrière les caisses de : to do, to think, to share, to love... Rien à faire, rien à penser, rien à partager, rien à aimer... J'entends ici, rien par obligation, rien par devoir.
Alors enfin, aimer vraiment, partager seulement, penser différement, et faire exactement l'essentiel, rien de plus.
Accueillir.
Se nourrir.
Et découvrir la grâce des brins d'herbe, comme si c'était la première fois que je me laissais toucher.
Ecrire la nuit et relire mes phrases au matin, avec un sentiment d'étrangeté. Qui parle en moi ? Pourquoi toujours le deuil et la séparation ? D'où me viennent ces poèmes comme "le trou" où j'écris "à la tombée du temps, la nuit est immense"...
Danser pour atteindre la transe, celle où les regards s'effacent, seule compte la joie que je fabrique moi-même, comme l'âne banquier de Peau-d'Âne qui fabrique lui-même son or.
Lire des pages et des pages et reconnaître une phrase qui m'était destinée : "Ce que je trouve est mille fois plus beau que ce que je cherche" Christian Bobin, encore lui, dans "Autobiographie au radiateur".
Apprendre à attendre et croire que je n'y arriverai jamais. Constater, étonnée, que finalement j'attends patiemment. J'attends, j'étends, j'atteins.
Se découvrir, peu à peu, participer à un concours de nouvelles et risquer de ne pas être retenue.
Aller là où je veux aller, sans en connaître la route. Se promener sur la vie.
Rédigé à 12:34 dans J'aime les artistes, J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent
Retour de vacances, retour de manivelle, comme si j'avais pédalé dans le sens inverse de la montre pendant quelques semaines pour déprogrammer tous mes gestes, mes pensées automatiques, mes réflexes quotidiens et BAM... Il aura suffit d'un quai bondé, d'une rame de métro puante, d'un tour de clés dans ma porte pour réouvrir le terrifiant Jack in the box.
Alors je tente d'enrayer la machine infernale du principe de réalité pour prolonger un peu la plage. Je déplace les meubles, je décore différemment, je vous écris en maillot de bain, je garde mes petites chaines de chevilles dont les grelots sonnent un air de gitane à mes enjambées.
Je vais rester nomade encore quelques heures, quelques jours, et si je suis très déterminée, encore quelques mois...
Rédigé à 11:29 dans J'aime les idées | Lien permanent
Rédigé à 15:16 dans J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (0)
Lui : Est-ce que tu m'aimes tel que je suis ?
Elle : Certainement pas, je t'aime tel que je te vois et tel que je te compose.
Lui : Mais cet amour n'est pas vrai.
Elle : Mais si justement. La construction de mon amour pour toi est bien plus vraie que ne le sera jamais la moindre de mes interprétations de ton réél. Les vérités se créent et se portent à bout de bras.
Rédigé à 13:36 dans J'aime les idées | Lien permanent
Rédigé à 08:51 dans J'aime les artistes, J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (2)
Je ne vous épargne rien. Presqu'aucun secret. Vous les badauds qui venez marcher le long de ma plage. Tous les jours vous venez vous prendre votre vague, parfois longue et lente, caressant les orteils, parfois rugissante jusqu'au genoux. Mon laboratoire est ouvert à tous, mais il est à moi et je n'ai rien à retenir. Tant pis pour vous si vous repartez mouillés. Il n'y a d'intime que ce qui est touché, le reste... intimidé... peut rester dans un tiroir, jamais porté.
C'est le possible qui s'ouvre à nous ce matin sur cette plage. Hypothèse 1 : plier cette nouvelle lingerie dans un petit sac en soie, la ranger dans un tiroir, savoir qu'elle est là, que quelque part elle fait partie de moi. Hypothèse 2 : porter cette lingerie juste pour moi, être la seule à savoir. Se sentir femme quelques instants, comme ces femmes qui savent se faire épouser. Hypothèse 3 : trouver un homme qui saurait comprendre qu'il n'y a rien à enlever, juste écouter l'histoire que l'on a envie de raconter, et se laisser accompagner.
Toutes ces possibilités... Une chance que l'on ait plusieurs vies.
Rédigé à 06:10 dans J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (13)
Il est des hommes qui sont attirés par la lumière, les couleurs et la grâce légère de la Papillon. Ils suivent une éffluve parfumée et roarrrr se font avaler par la Lionne qui n'en fait qu'une bouchée, recrachant quelques os laissés à la poussière. Il est d'autres hommes, plus sombres ceux là, qui chassent la Lionne. Ils restent tapis dans la jungle pendant des heures à guêter les humeurs, les étirements et observer les poils plantés comme des armées. Ceux là, plus maniacs, se lassent bien vite de jouer au filet avec la Papillon.
Ce matin, j'ai commencé à lire "La folle allure" et je suis totalement réconciliée avec Christian Bobin, totalement réconciliée avec l'amour, avec ma Lionne et ma Papillon. Le monde va aller mieux puisque je viens de déplacer la première pierre. Ah je rebadine, je rebadine, c'est bon signe.
Rédigé à 14:57 dans J'aime les artistes, J'aime les guides, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (2)
Il m'arrive très rarement d'être seule plus de 24 heures. Mon fils, mes amis, ma famille... J'aime voir et toucher les autres. J'ai tendance à toujours trouver la présence d'autrui rassurante, même silencieuse. Mais alors je m'encombre de petites maladies stupides pour attiser en permanence ce foyer, le faire brûler de joie, qu'il ne s'éteigne jamais. Je m'en écoeure à trop nourrir, trop aimer, trop sacraliser. Ces quelques jours d'isolement sont une véritable cure de désintoxication. Par petites bouchées, par petites pensées, je réorganise l'espace de ce cerveau ou de ce coeur surchargé et je le débarasse de ces encombrants. De ces plus hautes branches devenues des souches. Une petite diète salutaire en somme. Il reste de la place pour tous, et je n'envisage pas d'aimer moins, mais peut-être mieux. Je tente.
Je viens de finir "Louise Amour", J'ai adoré le début, j'ai détesté la fin. Entre la première et la dernière page, quelque part, j'ai changé.
Tableau de Misato Suzuki Early summer rain - "Louise Amour" de Christian Bobin, éditions Gallimard
Rédigé à 10:53 dans J'aime les guides, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (1)
Rien n'est plus doux que les réveils ici, là, dans ces draps blancs, dans cette grande chambre, aux grandes fenêtres. Par terre le parquet épais, large. Sur ma tête, le ciel sans fond comme si le plafond était si haut qu'il ne bordait pas l'espace du lit. Ici, je me sens plus grande, plus longue, plus fine. Perspective nouvelle. La dimension, la lumière, les ombres douces, je suis en paix. Prête à donner plus et à lâcher davantage.
Je connais bien cette maison. C'est la maison de ma vie nouvelle. Cinq ans déjà, que chaque été, je fais ce voyage vers mon autre moi. Je collectionne ces petites semaines précieuses dans mon coffre à souvenirs, cette boîte à musique qui me fais danser quand je l'ouvre. Il ne s'agit pas de me ressourcer puisque je n'y retrouve pas mes racines, mais plutôt de me déshabiller, me nourrir à peine, et lire seulement. Dans la maison d'une autre, les livres d'une autre, car il ne suffit que de cela pour voir sa propre vie différemment.
D'ici je trouve que ma famille est puissante et saine, je trouve le Moodkit bien lourd et les hommes bien mal élevés. Dans l'indulgente lumière qui traverse la maison et qui se pose sur moi avec douceur, je me dis que je dois encore trouver le courage d'avancer dans le noir. Je commence le livre que Jiann-Yuh m'a offert : "Elle s'appelle Papillon", et j'ai hâte de savoir de quoi cette femme est capable.
Rédigé à 10:27 dans J'aime les enfants, J'aime les guides, J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (4)
Un jour viendra, inattendu, où l'on s'aimera simplement. Dans l'attente, veuillez recevoir cher monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.
Dessin Egon Schiele
Rédigé à 15:46 dans J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (8)
J'ai oublié de vous raconter quelque chose de presque incroyable, qui a eu lieu lors du dernier atelier d'écriture. On se disait au revoir en se parlant de nos lectures du moment, et de celles à venir. Je pense qu'inconsciemment je devais avoir envie de résister à cette séparation qui me semblait insurmontable, en livrant, alors, le plus déchirant des appels au secours. J'expliquais ainsi à mes camarades de jeux que, depuis un an maintenant, je m'efforçais de lire un maximum de femmes écrivains, car j'avais réalisé que ma bibliothèque était massivement masculine. Pour moi, il ne faisait donc nul doute que les femmes avaient moins de place que les hommes et je prononçais cette phrase terrible : la littérature et la poésie féminines sont inférieures à celles des hommes.
Bang ! Oui... Moi... J'ai dit ça.. et je m'entends encore le dire. À l'heure de quitter la table d'exercice pour me lancer, pourquoi pas, dans l'aventure de l'édition, je dégringolais de ma chaise devant tout le monde. Lâchant mes pesants #aquoibon... mes navrants #maissicestvrai #maissijevousledis #lesfillesçavautrien #jevauxquedallemoiavecmapoesie...
Je les ai aimé, car ils se sont révoltés. Outrés qu'ils étaient de m'entendre argumenter de telles âneries. J'ai aimé leurs claques, j'ai aimé leur saut d'eau sur la tête, j'ai aimé les coups de pieds aux fesses. Je manquais d'ambition et je voulais partager ma croix avec toutes les femmes écrivains... Médiocre...
Une guerrière sans ambition remporte des victoires sans butin.
Je persiste à penser que dans l'inconscient collectif un texte de femme a forcément moins de valeur que le texte d'un homme... Mais l'inconscient collectif, voilà un magnifique champs de bataille, non ?
Rédigé à 22:49 dans J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (11)
Je m'amuse de mes pseudo idées noires, et objectivement, il y a de quoi rire. Je m'étais préparée, pour je ne sais quelle obscure raison, à passer un week-end pourri. J'avais achevé un texte et j'angoissais de ne plus jamais avoir d'autre inspiration. Je disais au revoir à mon atelier d'écriture et à toute cette précieuse énergie qui m'avait tant portée, et je me préparais à dépérir, sans appétit... Drôle d'idée.
Car c'était sans compter sur ma nature péniblement enthousiaste, qui ne peut s'empêcher de rire dès qu'il y a un rayon de soleil et quelques amis. Il suffisait donc d'une tranche de pâté et de quelques cornichons en terrasse du Bellerive pour que le geyser se remette à cracher !!! Les idées, les envies, l'appétit... Alors j'ai tout raflé : les honneurs, les encouragements et même la coupe... de pétanque !
Et voilà ! Merci mes amis. Je ne vous dis pas assez merci pour votre inspirante présence. Alors je continue, et je cours en hurlant oui oui oui !!!!!! J'en ai tellement envie.
Rédigé à 13:17 dans J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (0)
L'auto-stoppeur, pouce en l'air comme si sa vie était super, se fout de l'endroit où on l'emmène. Ce qu'il veut c'est partir de là. Changer d'air. C'est con un auto-stoppeur, faudrait lui dire quand même : où qu'on aille, on est toujours là. Il peut bien aller où il veut, aussi loin, il n'échappera jamais à la question : d'où tu viens ?
Rédigé à 13:27 dans J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (1)
Il n'y a pas de détail sans importance. Tout est dans le détail. Alors soyons précis, si j'ai une joie chaude et douce, une joie câline, rose, il ne faut pas négliger le fait qu'elle peluche. C'est très bien que l'on ait naturellement envie de s'y blottir, mais il ne faut pas ensuite faire le regardant en s'approchant, ça vexe. Toutes les filles boulochent, ni plus ni moins, mais certaines connaissent le tour pour se faire oublier du pull, quand d'autres vous laissent des peluches plein les poches. Faut pas en vouloir à celles qui accrochent, il faut se souvenir que c'était de la joie chaude et douce, de la joie câline et rose.
Rédigé à 08:50 dans J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (3)
J'ai rendez-vous. Cette simple phrase, j'aime l'écrire, la dire, j'aime la chanter. C'est une phrase précieuse que je prononce à bon escient, sans la gâcher, et qui rend belle.
J'ai rendez-vous. J'exagère de la redire une deuxième fois, je sais, mais je souris et j'aime tant sourire.
Je m'y rends, je me rends, et vous, rendez vous. Je me rends même aux portes fermées. Je sais que je ne dois rien attendre, je le sais... et alors ?... Mon insolente foi, légèreté, naïveté, bétise (qu'est-ce donc ?) me permet encore de m'attendre à l'inattendu. Quelle femme épouvantable !
J'ai rendez-vous. Je suis heureuse et le reste, je m'en fout.
Rédigé à 23:34 dans J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (1)
Rédigé à 23:11 dans J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (0)
Connaissez-vous ce lac en bord duquel poussent des bruyères sauvages abritées par des pins et des genêts. Je m'y baigne parfois dans mes rêves. L'odeur m'est familière, un mélange d'herbes parfumées, grillées par le soleil et de champignons mousseux trempant dans les ombres. la température est à peu près toujours la même. Est-ce que l'on rêve plus d'un moment que d'un lieu ?
L'eau est brune, j'ai peur de ce qu'il pourrait y avoir sous moi. Je m'accroche à la vision de mes bras que j'allonge en longues brasses. Je reste concentrée sur ma respiration, je me défie à chaque expiration. On y pêche des truites et des brochets. On y a vu serpenter à la surface des couleuvres ou des vipères. Certains disent qu'elles ne peuvent pas me piquer dans l'eau. D'autres affirment le contraire. Je continue mon avancée patiente, je traverse des courants chauds, puis glacés. Je lutte pour détendre mon corps qui se crispe. Je garde les yeux fixés sur la rive, il fait beau, je peux l'atteindre. J'allonge mes jambes au maximum pour éviter qu'elles sombrent dans les profondeurs où de longues herbes me frôlent. Chaque brassée est un exploit de plus et une imbécilité de trop. Au milieu du lac, je ne sais plus pourquoi je suis là. Je regarde en arrière et l'on me salue du bord. Je continue d'avancer et j'atteins ce petit bout de plage isolé.
Je ne pourrai pas revenir en arrière et retraverser cette épreuve. Je ne le peux pas. Je suis seule, idiote, et froussarde. L'eau me semble de plus en plus noire, peut-être même plus épaisse. Ça sent le gazoil des bateaux à moteurs. D'en face, des bras me font signe de rentrer. Alors je vais sans doute mourir, c'est sûr, mais je replonge. Je coule, mouille ma tête, et en reprenant mon souffle, je comprends que je suis accompagnée. Une force invisible m'encourage. Je sens le regard de ces autres sur la rive et cela me donne une force inouie. Mon corps devient athlétique et j'enchaîne de vives et énergiques brassées. J'atteins si vite la rive que le monde me sourit. J'ai eu si peur. Je suis tellement vivante. J'ai envie d'embrasser tout le monde, de me coller à leur peau chaude, de me mêler et de faire tas.
Je me réveille et je veux être avec vous.
Rédigé à 05:50 dans J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (24)
Vivre l'instant présent quel labeur ! La vie m'englue dans tout ce que j'ai déjà connu. En marchant dans la ville j'ai parfois l'impression de parcourir ce livre ouvert où je connais chaque page, et je m'ennuie, je me lasse. Pourtant, quelques éclairs de présence parviennent parfois à me traverser, éclairant mon ciel d'une nouvelle vision du futur. La route redevient sombre immédiatement, mais je sais que j'ai en moi, inconsciente, la connaissance du chemin. La foi éblouissante dans la forêt noire. Et alors je ressens la joie immense de la promesse : ça commence aujourd'hui.
Rédigé à 10:23 dans J'aime les guides, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (0)