J'ai oublié de vous raconter quelque chose de presque incroyable, qui a eu lieu lors du dernier atelier d'écriture. On se disait au revoir en se parlant de nos lectures du moment, et de celles à venir. Je pense qu'inconsciemment je devais avoir envie de résister à cette séparation qui me semblait insurmontable, en livrant, alors, le plus déchirant des appels au secours. J'expliquais ainsi à mes camarades de jeux que, depuis un an maintenant, je m'efforçais de lire un maximum de femmes écrivains, car j'avais réalisé que ma bibliothèque était massivement masculine. Pour moi, il ne faisait donc nul doute que les femmes avaient moins de place que les hommes et je prononçais cette phrase terrible : la littérature et la poésie féminines sont inférieures à celles des hommes.
Bang ! Oui... Moi... J'ai dit ça.. et je m'entends encore le dire. À l'heure de quitter la table d'exercice pour me lancer, pourquoi pas, dans l'aventure de l'édition, je dégringolais de ma chaise devant tout le monde. Lâchant mes pesants #aquoibon... mes navrants #maissicestvrai #maissijevousledis #lesfillesçavautrien #jevauxquedallemoiavecmapoesie...
Je les ai aimé, car ils se sont révoltés. Outrés qu'ils étaient de m'entendre argumenter de telles âneries. J'ai aimé leurs claques, j'ai aimé leur saut d'eau sur la tête, j'ai aimé les coups de pieds aux fesses. Je manquais d'ambition et je voulais partager ma croix avec toutes les femmes écrivains... Médiocre...
Une guerrière sans ambition remporte des victoires sans butin.
Je persiste à penser que dans l'inconscient collectif un texte de femme a forcément moins de valeur que le texte d'un homme... Mais l'inconscient collectif, voilà un magnifique champs de bataille, non ?
#youresuchawarrior #faisgaffetufaispeurauxhommes
Rédigé par : Renée | 01 juillet 2013 à 23:01
je ne peux pas m'empêcher de penser comme toi mais la faute en revient elle aux femmes où bien aux éditeurs? Qui de l'oeuf ou de la poule...
Rédigé par : Chutney | 01 juillet 2013 à 23:06
show them what you got !
Rédigé par : keren | 01 juillet 2013 à 23:11
Chère Fanny,
Merci de cette dédicace, (pour moi) d'autant plus précieuse qu'elle vient de celle qui, entre nous, s'expose le plus, fonce dans le tas, sans peur ni reproche, ne s'épargne rien, scrute sans complaisance l'inconscient collectif pour y traquer la domination insidieuse ! Chapeau bas, ma belle !
Amitiés admiratives.
Rédigé par : JY | 01 juillet 2013 à 23:31
Marina Tsvétaïéva!
Rédigé par : Aurore | 01 juillet 2013 à 23:33
Je te lis et je me dis que je ne me suis jamais posée la question de choix d'un livre en regardant si l'auteur est homme ou femme, rien ne compte que l'histoire et la façon de la raconter... après que les femmes soient moins publiées ou écrivent mois (qu'en sait on après tout...) c'est une autre histoire mais la force des textes n'a pas de sexe... je ne suis donc pas d'accord avec ton inconscient collectif :)
Qui a lu des auteurs comme Joyce Carol Oates ou Mo Hayder ne peut se dire que c'est inférieur aux hommes...
Rédigé par : Carole Nipette | 01 juillet 2013 à 23:42
Merci à tous de votre passage ici.
@Renée : ne me dis pas ça... Tu touches un problème douloureux de la lionne papillon...
@Chutney, bienvenue ici. Les éditeurs... je ne sais pas si ça vient d'eux, je pense que peut-être les femmes s'autorisent moins... blablabla... je ne sais pas ce que je dis...
@Keren : c'est bon d'être ton amie. Merci pour tout, je t'aime.
Rédigé par : Fanny - anosenfants | 01 juillet 2013 à 23:47
@Jiann Yuh : merci de tes mots qui me touchent. J'entends bien tous tes encouragements, mais parfois j'ai l'impression que mes ailes sont en plomb.
@Aurore : et tant d'autres !!! Louise de Villemorin, Christiane Singer, Annie Ernaux, Beatrix Beck, Joyce Maynard...
@Carole : Ce que j'appelle l'inconscient collectif c'est le préjugé préalable à toute lecture, mais oui, cent fois oui, la force d'un texte n'a pas de sexe.
Rédigé par : Fanny - anosenfants | 01 juillet 2013 à 23:52
Il n'y a pas d'écriture féminine ou masculine. Eventuellement des thèmes, et encore. Il y a eu longtemps plus d'hommes écrivains que de femmes, mais je ne suis pas certain que cela soit encore vrai. à vérifier. ça ne suffira pas comme argument pour éviter de tenter l'édition mademoiselle.
Enfin, la grande Colette ne disait-elle pas elle même que "les femmes libres ne sont pas des femmes"...
Je t'embrasse, continue
Rédigé par : Fred | 02 juillet 2013 à 16:52
Oui, Fanny, il est vrai que, jusqu'au début du 20° siècle, il me semble, le "grand écrivain" était un homme, cela allait de soi. Mais ce n'est plus le cas. Ont tordu le cou au préjugé : Colette, Virginia Woolf, Carson Mc Cullers, Flannery O'Connor, Karen Blixen, Doris Lessing, puis nos Nathalie Sarraute, Marguerite Yourcenar, Marguerite Duras ... Béatrix Beck...
Cela fait peu. Les femmes continuent à être moins considérées, je le crains; -là, le préjugé reste fort- mais A TORT. Il y a encore des murs
à abattre. Bossons ! Mais, de grâce, ne doutons pas de nous.
Ton blog est exquis. Poétique, généreux, , sensuel, sensible, inventif. Tout ce que tu as apporté à l'atelier ! (Il m'a gênée, ce vous. j'en finis avec lui).
Bel été. Mille amitiés,
Rédigé par : Laurence | 02 juillet 2013 à 23:25
@Laurence, merci de ce "tu", je le prends avec ses mille amitiés et tes encouragements au travail. Je te promets de continuer. À vrai dire je ne supporterais pas l'idée de te décevoir, après l'élan fou que tu m'as donné. Ton exigence, ta précision, ton goût du détail, m'accompagnent désormais au bout du crayon, comme une gomme magique. J'assume presque totalement ma poésie...
@Fredo, quand rentres-tu à Paris ? J'ai besoin d'un grand câlin de grand frère, spécial chagrin... Toi seul sait...
Rédigé par : Fanny - anosenfants | 03 juillet 2013 à 10:53