Je me promène sur la vie sans destination.
Je me promène sur la vie sans destination.
Rédigé à 13:42 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Une pointe d'ombre résiste à la courbe enjambée de lumière, pleinement fessée.
Un fil déroule sur la crête, sillant du faîte, tirant jusqu'au pied, le territoire assiégé.
Cette céramique de Gisèle Buthod Garçon a une présence captivante, elle vole le regard à toute autre céramique que l'on poserait à côté. La pauvre Brigitte M. en a fait les frais.
Rédigé à 11:30 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Lourd
J’aurais aimé que la blancheur de la page m’aspire comme une eau claire où plonger, rapide, vivifiante, entrainante
Mais c’est le lourd qui est là.
Lourd
Ce mot si simple, si évident, qui me pèse dans la gorge.
Lourd dès la langue.
Lourd comme l’effort qui m’attend
Sortir hors de moi-même, hors de ma vie, pour écrire du soubassement, du si bas, du si profond.
Je m’échappe comme je peux mais ce velours aux lèvres, si soyeux, m’absorbe dans sa douceur.
Ma vie est si douce que l’effort d’écrire est un arrachement.
Les mots doivent sortir parfois par le coup du bourreau qui fait exploser la jambe.
Je n’écris pas avec l’autorisation, je dois crier, cracher mon cri.
Le mot, une fois posé, est d’une telle revendication que j’ai peur de sa lame.
Tant qu’il est retenu dans le fin fond de mon ventre, dans le monde invisible, la paix règne sur le monde, mais écrire c’est risquer le chaos.
J’écris de la femme heureuse que je suis.
Aimée, accompagnée, jamais forcée.
J’écris de cette place, minuscule, que m’ont faites à la force de leurs bras mes ancêtres, et si je connais peu leur chemin, je sais suffisamment la peur du noir.
Je leur dois.
Du haut de ma joie, édification hétéroclite et instable de pleins et de vides, je tiens en équilibre.
Comme tout ceci est fragile. Le vertige de l’écriture me rappelle combien je suis faite de doutes de toutes sortes, mais qu'aucun d'eux n'est assez bancal, au final, pour m'empêcher de construire. Aucun doute n'est suffisamment raisonnable pour nuire à ma folle détermination.
Le seul risque c'est la douceur des choses...
comme une main sur une peau de velours...
ça glisse.
J’écris comme on commet un crime de lèse majesté au bonheur souverain.
Je risque de tout perdre pour consacrer l’écriture.
Tour à tour proie et prédatrice, je rôde au dessus de la page guettant le mot, prête à plonger, mais ne lâchant jamais du regard le doute dans mon dos. L’écrivaine se déploie ainsi de tous ses bras, de tous ses yeux, de toutes ses bites, elle est partout, combattante et suppliante.
Du bonheur ou de l’écriture, quel est le monstre ?
Faut-il que l’un avale l’autre, nécessairement ?
Rédigé à 14:28 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
C'est la nuit. Depuis plus de 5 ans, 6 ans, c'est la nuit. Tous mes mots sont endormis. Parfois une insomnie me tire du lit, mais je reste silencieuse. Je rêve. Le bonheur c'est doux comme les bras d'un enfant qui s'enroulent. Le temps s'arrête, la couette est toujours chaude. Je crois avoir écris il y a longtemps qu'être mère s'est retenir le temps. Et bien j'y suis, le sommeil lourd d'amour. Je retiens la nuit.
Depuis peu, mes mains rasantes, ne trouvant plus de stylo, ont plongé dans la terre. C'est une rencontre étrange, un voyage dans le temps, je vous parle de nuits ancestrales. Les mouvements des mains dans la terre ont aveuglément trouvé leur route et je malaxe, je malaxe, je malaxe, je chewing gum, je boudine, je mouline, j'écrase, j'étire. Je crée des quantités d'assiettes, quelques tasses. Je redécouvre le goût du café, comme j'aimais autrefois le goût de la virgule.
La terre me sort peu à peu de mon sommeil. J'attends avec émerveillement le lever du jour, je crains désespérément la fin de la nuit.
Rédigé à 01:59 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Mes chers lecteurs, je ne suis plus ici, mais je continue mon chemin armée de mon stylo, dans les sous-bois des mots... Je travaille, je transforme, j'essaie, je cherche... J'emprunte mon nouveau nom à l'un de mes textes, je suis devenue cette créature étrange née du chagrin et de la grâce et vous pouvez me retrouver sur divers réseaux sociaux en cherchant : La Chagrâce...
Sur Instagram instagram.com/la_chagrace
Sur Facebook facebook.com/lachagrace
Sur Twitter twitter.com/la_chagrace
J'esquisse sur la toile la vague silhouette d'une femme poète, ne sachant pas s'il s'agit là de la chenille ou du papillon. Je m'approche de la lumière, consciente de la brûlure promise, mais ce voyage étranger vaut la peine de s'y perdre. J'ai découvert, il y a peu, une grande communauté de poètes sur Instagram et sur Twitter, principalement anglophones, et j'ai trouvé leur démarche intéressante, créative, remuante. Je manque de recul, et ne sais pas encore si la part des mots n'est pas trop rongée par l'expérience visuelle, mais j'ai envie de travailler la matière, le texte, la photo, la vidéo, les voix...
Je vous invite à me suivre et à me donner régulièrement vos impressions sur vos lectures. Quant à la suite... à un moment donné, il faudra bien que je force ma retenue et que je contacte des revues de poésies et des éditeurs pour me frotter à une autre réalité. Vos conseils et recommandations seront les bienvenus. Je vous remercie de votre présence et de votre bienveillance.
Je suis heureuse. Je danse. Je suis heureuse.
Rédigé à 11:41 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Rédigé à 12:50 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Motment Nom masculin, /mɔ.mɑ̃/
Trace écrite d'un instant véritable qui n'a pas assez vécu pour être indéfiniment vrai.
Palimpseste du souvenir
Synonymes : saignature, encre parenthèses
Photo de Saul Leiter
Rédigé à 11:00 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Rédigé à 11:42 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Hello...
Hello dit l'écho...
Etrange lecteur imperturbable, que fais-tu donc encore ici, dans ce désert ?... Ne vois-tu pas que je n'y suis plus. Je voyage. Un voyage onirique entre le tour du monde et la tournée commerciale du charcutier traiteur du Plomb du Cantal. Un entre deux tours. En tout cas, loin d'ici.
Je n'ai rien à dire. Il me semble que ma poésie s'est endormie. Je la gratte, je la force, mais les mots qui s'allument sur la page n'ont pas de goût, pas de profondeur, pas d'intérêt. Je garde le stylo en l'air, il rôde sur la page. Je l'observe comme si j'étais étrangère à cette main qui le tient bien serré. J'attend qu'il repère une proie dont j'ignore l'existence à l'instant présent de l'écriture. Je désespère de le voir plonger avec assurance. Il reste en l'air, suspendu entre mes doutes et mes néants. Je crains l'infini quand rien ne vient, rien ne se crée. Je me vide de ma foi. Le silence m'accable.
Alors je lis, je pose, je prends des cahiers plus petits, des feuilles moins blanches. Le ticket de métro me semble être un support convenable. J'y écris serré ceci : Vivre c'est faire des choix, faire des choix, faire des choix, et quelque fois, attendre d'être choisi.
Rédigé à 17:25 dans J'aime les artistes, J'aime les histoires | Lien permanent
Rédigé à 12:07 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Une scène, une danseuse, une poursuite lumineuse... BAM... Et tout d'un coup un mot éclabousse et fait sens. Un écho à ma recherche profonde, ricoche sur le bord, et emmène mon regard à l'endroit où il faut plonger.
Je plonge.
Le halo de surface pénètre avec moi et dans cette eau trouble, j'entends de nouveau le mot "poursuite" qui continue de raisonner, je donne un coup de pied pour remonter.
Qu'importe l'air ou l'eau. Je suis à la poursuite de la vie, du sens, du beau, du véritable...
Qu'importe l'air ou l'eau. Partout la vie me poursuit, la vérité me braque ses phares en pleine figure.
Rédigé à 23:28 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Comme tout ceci est fragile. J'aime le travail de cette artiste, Csilla Klenyánszki, qui a intitulé cette série de photographies "Good luck". Cette oeuvre me rappelle combien je suis faite de doutes de toutes sortes, mais qu'aucun d'eux n'est assez bancal, au final, pour m'empêcher de construire. Aucun doute n'est suffisamment raisonnable pour nuire à ma folle détermination. Le seul risque c'est la douceur des choses... comme une main sur une peau de velours... ça glisse.
Rédigé à 02:59 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Une fraîcheur dans la nuque me réveille.
Comme ces rares matins lumineux où l'on se souvient de nos rêves... Que s'est-il passé ? Un courant d'air s'est infiltré par la fenêtre et a libéré cette mouche grésillante qui séjournait à l'empyrée du passé, m'empêchant de dormir ici et maintenant. Relâchée, au dehors, mouche parmi les mouches.
Enfin le réveil, le silence du présent libéré.
L'esprit clair, les idées pures, je me souviens du futur.
Photo de Jason Eskenazi extraite de la série Wonderland
Source inépuisable d'inspiration : Le facteur temps ne sonne jamais deux fois - Etienne Klein
Rédigé à 09:11 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Sur ce chemin de montagne, où les jours se suivent comme on avance pas à pas, respirant sans y penser, il y a parfois la nécessité d'enfoncer un piolet dans la roche... en espérant que si je glisse quelques mêtres plus loin, dévalant tête en bas, lâchant tout de ce que j'aurais cueilli, je reviendrai au moins à ce matin là.
Le matin du 21 novembre 2013 : je me souviens de tout avec précision, et tout ce qui est précis dans ma mémoire m'appartient pour toujours. Toujours ce réveil, ces draps, cette mèche, ce café, et dans la boîte aux lettres ce livre... ce signal que la vie m'envoie pour me rappeller que c'est un jour où il faut assurer son piolet. A chaque fois que je reglisserai jusqu'ici, croyant tout perdre, je me souviendrai que tout est possible.
Rédigé à 09:39 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Amériquer /a.me.ʁi.ke / verbe du 1er groupe
définition 1 : Aimer, Admirer, Aduler, Voir grand... (dérivé : Projeter d'y construire un nouveau territoire)
définition 2 : Considérer avec un étonnement mêlé de plaisir ce qui paraît immensément beau, comme une terre vierge à conquérir
Témoignage personnel : Immobile, allongée sur une mer d'huile, je te regarde te lever tôt. Ton corps se redresse et s'arrache aux draps que tu laisses. Quelques gouttes de sommeil coulent le long. Tu enfiles le rôle et le jour commence avec toi. Je t'amérique.
Déjà entendu chez un américoeur : "Je ferai un domaine où le ciel sera loi, où le ciel sera roi, où tu seras reine. Ne me quitte pas."...
Synonymes : Je te tropique
Synonymes dérivés : Tu mexiques, ils (ou elles) martiniquent...
Rédigé à 09:08 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Aimophile, nom commun /e.mɔ.fil/ masculin et féminin identiques
définition 1 : qui est atteint d'aimophilie
définition 2 : Anomalie constitutionnelle. Prédisposition à la fuite du sentiment amoureux, une affection héréditaire caractérisée par un défaut de la coagulation de la relation amoureuse, d'où un danger de blessures très longues à cicatriser.
Déjà entendu chez un aimophile : "Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve"
Rédigé à 21:51 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Je trouve parfois dommage que la terre soit ronde... Toi et moi, nous n'irons jamais au bord du monde. Ni là, ni même au bord du temps.
Où allons-nous ? Qu'est-ce qu'on attend ? Mauvaises questions...
Image Thomas Barbey
Rédigé à 06:25 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Sur la pointe des pieds, je ne suis pas tout à fait la même femme. Quelques centimètres de plus me permettent d'appercevoir ce quelque chose en plus. Je perds un peu de mon équilibre, une fébrilité peut-être. Tout à l'heure je me suis sentie plus grande. L'écrire ici c'est le vivre une seconde fois. Je suis plus grande... et redescendre... plus grande... et redescendre. La grâce du mouvement...
Rédigé à 20:04 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Attendre. Attendre encore. Faire la morte. Seuls les morts savent attendre vraiment qu'on vienne les retrouver.
Trouver le temps un peu trop profond pour un bain de minuit.
Photo collage deborah stevenson
Rédigé à 22:22 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
J'ai écris sur la porte : "Ça commence aujourd'hui". Là, maintenant, tout de suite et la seconde qui suit, et la seconde qui suit, je commence un nouveau présent. Toi aussi.
La vie nouvelle est possible à chaque pas, à chaque chemin choisi. Que j'avance droit ou que je marche en arrière, que je boite de côté, je me renouvelle. Toi aussi.
Alors je tente, je risque, je participe à un concours de nouvelles, le thème : "Toute ma vie est dans mon sac... Mais où est mon sac ?". Mon titre ? La vie nouvelle... Evidemment. Si tu veux, tu la peux lire ici et surtout tu peux voter (il parait qu'il faut voter) (décadence//pitrerie//aquoibon//putaindesystème)...
On peut y lire : "Cinq jours minuscules qui lui avaient permis de métamorphoser sa vie. Toutes les décisions si difficiles à prendre depuis un an avaient surgi du fond de son estomac comme des inconnues dont elle ignorait l’existence et les capacités. Elle avait observé cette lave brûlante sortir d’elle-même, détruire ses territoires occupés et tracer une nouvelle route. Plus rien ni personne ne pouvait avoir d’emprise sur elle."...
et aussi : "Elle se sentait à nouveau capable de vivre au jour le jour et de lâcher enfin ses envahisseurs. S’était-elle laissée posséder ou déposséder, rien de tout cela n’était encore clair pour elle, mais sa nouvelle vie avait commencé et ce pacte scellé avec elle-même se trouvait dans son sac rouge, flambant neuf."
Et toi ? Tu t'es laissé(e) posséder ou déposséder ? Si c'est ni l'un ni l'autre, je ne puis être que navrée pour toi...
Tapis tableau Herbert Bayer
Rédigé à 11:47 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Si je suis parfois tentée de vous raconter mes vacances, j'ai d'abord envie de vous dire que je n'ai vraiment rien fait. Arrêter de faire ce qu'on a à faire, et donc ne rien faire, c'est exactement ça les vacances. Vider le vase éventuellement, rien de plus.
S'allonger dans une chaise longue, presque nue, juste une paire de bottes de sept lieues. Et voyager loin vers l'ailleurs, cet autre soi qui était étouffé derrière les caisses de : to do, to think, to share, to love... Rien à faire, rien à penser, rien à partager, rien à aimer... J'entends ici, rien par obligation, rien par devoir.
Alors enfin, aimer vraiment, partager seulement, penser différement, et faire exactement l'essentiel, rien de plus.
Accueillir.
Se nourrir.
Et découvrir la grâce des brins d'herbe, comme si c'était la première fois que je me laissais toucher.
Ecrire la nuit et relire mes phrases au matin, avec un sentiment d'étrangeté. Qui parle en moi ? Pourquoi toujours le deuil et la séparation ? D'où me viennent ces poèmes comme "le trou" où j'écris "à la tombée du temps, la nuit est immense"...
Danser pour atteindre la transe, celle où les regards s'effacent, seule compte la joie que je fabrique moi-même, comme l'âne banquier de Peau-d'Âne qui fabrique lui-même son or.
Lire des pages et des pages et reconnaître une phrase qui m'était destinée : "Ce que je trouve est mille fois plus beau que ce que je cherche" Christian Bobin, encore lui, dans "Autobiographie au radiateur".
Apprendre à attendre et croire que je n'y arriverai jamais. Constater, étonnée, que finalement j'attends patiemment. J'attends, j'étends, j'atteins.
Se découvrir, peu à peu, participer à un concours de nouvelles et risquer de ne pas être retenue.
Aller là où je veux aller, sans en connaître la route. Se promener sur la vie.
Rédigé à 12:34 dans J'aime les artistes, J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent
Quelle est donc cette émotion qui me submerge quand je lis un interview de Christian Bobin ce matin ? Quels mots exactement m'arrachent des larmes à l'heure simple du café ? La vérité sur le véritable ? Ce pas de côté nécessaire, derrière le miroir, pour voir enfin ce qui reste, qui était pourtant là depuis toujours, enfoui sous nos idées d'ailleurs. Je vous donne le lieu cartographié de ma première larme, il y en a eu tant d'autres à suivre son chemin...
Propos recueillis par François Busnel, publié le 11/02/2013 sur lexpress.fr
Les esprits grincheux vont encore dire : "Vous êtes devenu mièvre, Christian Bobin..." Que signifie cet éloge des marguerites dans un pré, des planètes lointaines, du plâtrier qui siffle?
[Il éclate de rire.] Mais la réponse est très simple : nous n'avons que ça. Nous n'avons que la vie la plus pauvre, la plus ordinaire, la plus banale. Nous n'avons, en vérité, que cela. De temps en temps, parce que nous sommes dans un âge plus jeune ou parce que la fortune, les bonnes faveurs du monde, viennent à nous, nous revêtons un manteau de puissance et nous nous moquons de cette soi-disant "mièvrerie". Mais le manteau de puissance va glisser de nos épaules, tôt ou tard... Non, je ne suis pas mièvre. Je parle de l'essentiel, tout simplement. Et l'essentiel, c'est la vie la plus nue, la plus rude, celle qui nous reste quand tout le reste nous a été enlevé. Je vais à l'essentiel. Je ne fais pas l'apologie de quelque chose qui serait simplet. La marguerite dans son pré, le plâtrier qui siffle, les planètes lointaines : voilà, au contraire, quelque chose qui est rude, émerveillant, parce que ces choses résistent à tout.
Christian, ce matin, je vous offre un bouquet de mes fleurs bleues.
Rédigé à 09:58 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Rédigé à 08:51 dans J'aime les artistes, J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (2)
Repartir.
Repartir avec l'idée que j'étais dans une pièce qu'il va falloir encore quitter. Le voyage se termine toujours brusquement, par un atterrissage ailleurs. Faire à nouveau ses premiers pas sur un sol étranger. Se prendre ce nouveau souffle en pleine face et prétendre avancer du même élan.
Voyager tout le temps, pas comme un touriste, comme un indigène. Devoir s'adapter à ce nouvel environnement, là où aucun animal, aucune plante, ne saurait le faire. Muer. Changer de peau, se sauver de peu, retrouver sa voix profonde, un absolu, son absolu, à reformer ici en territoire étranger.
À l'âge d'un an, ma mère qui n'avait connu alors que l'intimité des bras parfumés à la violette de ses grands-parents, le ciel et l'onde de la Dordogne, atterrissait les pieds nus à Dakar, emportée par sa mère. Quitter une pièce et brusquement atterrir dans une autre avec la même urgence de s'adapter. Non pas pour changer, mais pour réussir à être soi partout.
Je pense aussi à mon grand-père paternel, fils des champs, parachuté sur le champs de bataille, puis emprisonné pendant trois ans. Rester soi dans chaque pièce. Muer. Se "dépeausséder". Pas d'autre choix.
Se connait-on jamais vraiment ? Muer sans cesse, se découvrir, se dépeausséder, chaque peau jusqu'à la dernière. À la fin, il ne reste que le nom, première et dernière peau, gravé sur une pierre.
Puisque tout est question de temps, de mue, alors tout est "peaussible".
Voyager sans se fixer de destination, si ce n'est celle d'aller à soi, toujours, ailleurs.
Image vue sur pollysi
Rédigé à 13:49 dans J'aime les artistes, J'aime les histoires | Lien permanent | Commentaires (1)
Il est des hommes qui sont attirés par la lumière, les couleurs et la grâce légère de la Papillon. Ils suivent une éffluve parfumée et roarrrr se font avaler par la Lionne qui n'en fait qu'une bouchée, recrachant quelques os laissés à la poussière. Il est d'autres hommes, plus sombres ceux là, qui chassent la Lionne. Ils restent tapis dans la jungle pendant des heures à guêter les humeurs, les étirements et observer les poils plantés comme des armées. Ceux là, plus maniacs, se lassent bien vite de jouer au filet avec la Papillon.
Ce matin, j'ai commencé à lire "La folle allure" et je suis totalement réconciliée avec Christian Bobin, totalement réconciliée avec l'amour, avec ma Lionne et ma Papillon. Le monde va aller mieux puisque je viens de déplacer la première pierre. Ah je rebadine, je rebadine, c'est bon signe.
Rédigé à 14:57 dans J'aime les artistes, J'aime les guides, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (2)
Prendre l'air, s'éventer l'esprit pour libérer un parfum de manque. Ressentir autre chose, car il est possible de ressentir autre chose. Quelque chose de subtil, olfactif, mais pas que. Quand je suis chez mon père mon odorat est en éveil permanent et me communique un million d'informations. Je ne trie pas, je récolte. Frigo, beurre, fromage, Rocamadour. Cuisson, saussice, courgette, ail, persil, romarin, pain. Chien, poils, terre, chat, aigre. Peau, père, parfum. Paulette, crème Payot, corps. Bouquet, roses, menthe. Herbe, sèche, eau du robinet qui goutte dans l'herbe. Livre, papier, rassurant bonheur.
Une goutte de transpiration aussi se libère. Était-il possible qu'une goutte d'eau sorte ainsi de mon ventre, au dessus du nombril. Le soleil, cet oublié, redevient alors miraculeux. Je regarde cette goutte presque stupéfaite des ressources du corps. Vider un peu le vase et le remplir d'eau fraîche. Flambante neuve. Brûlante peau neuve.
Trois jours, trois livres : Se perdre, Stella Corfou et sa femme. J'aime Annie Ernaux, elle écrit : "Je ne suis pas culturelle, il n'y a qu'une chose qui compte pour moi, saisir la vie, le temps, comprendre et jouir". (se perdre) On se comprend elle et moi. Elle me débloque. Elle me décomplexe. J'écris dans mon cahier "Impossibilité du bonheur à ramasser, la terre me semble alors trop basse."
Tout est beau là-bas.
Retour ici.
Tout reste à vivre.
Tableau Sarah Stokes, "Fly Me to the Moon"
Rédigé à 20:09 dans J'aime les artistes, J'aime les histoires | Lien permanent | Commentaires (2)
Attention, la machine s'emballe... J'ai dû écrire au moins cinq pages aujourd'hui pour "ma nouvelle de 30 pages".... Je suis page 19... J'ai trouvé une femme à mon Jésus... Je ne sais pas ce que j'en fait maintenant. Est-ce qu'elle va rester ? Est-ce qu'il va rester ? J'aime bien l'idée qu'une femme lui soit tombée du ciel. Ça m'amuse cette providence qui n'épargne pas les réfractaires...
Certaines femmes sont naturellement douées pour être infirmières, mais celle-là était trop maladroite pour tenir une cuiller de sirop, trop étourdie pour lui faire prendre ses cachets, trop guillerette pour s’appesantir sur sa blessure. Elle ouvrait seulement les fenêtres. Si lui, voulait du sens, elle, voulait du beau, alors elle en mettait partout. Dans son appartement, dans ses poches, dans ses mots, dans son assiette, dans son lit.
C’était beau, mais ça n’avait pas de sens, pensait-il.
Ça n’avait pas de sens, mais c’était beau, pensait-elle.
Alors il l’aima une minute, puis deux, puis trois…
Bon, plus que 11 pages... Je m'accroche. Hier soir, j'ai croisé une lectrice de mon blog qui m'a dit qu'elle n'aimait pas du tout ce que j'écrivais en ce moment... // BANG // C'est dur à encaisser, même si ce blog n'a pas d'autre prétention que de me donner du plaisir, ça fait mal de me dire que j'en donne moins aux autres... Enfin, je continues...
Photo Julio Mitchel
Rédigé à 17:40 dans J'aime les artistes, J'aime les histoires | Lien permanent | Commentaires (3)
- "J'ai failli mourir".
- Et alors, ce n'est rien mesuré à l'inconsolable et insondable profondeur de "J'ai failli vivre".
C'est la nuit au triste jour, on ne meurt plus d'amour.
Rédigé à 09:22 dans J'aime les artistes | Lien permanent | Commentaires (4)
Un pied de nez vaut mieux que tu l'auras dans le nez... mon pied. Et c'est justement à ce pied frondeur, qui avance chaque jour en se moquant bien de la crise que je dédicace ce billet d'humeur. Ah je suis de bonne humeur en ce moment ! Il suffisait d'un rayon de soleil pour que mon cerveau se reprogramme... Fille de peu...
C'est génial, c'est la crise, la vraie crise, celle de l'appauvrissement des existences, du triomphe du capital, de la liquidation des savoir-vivre, de la surpuissance de la finance, des chiffres record du chômage... Je m'arrête là car je déteste ces mots barbares et je ne souhaite pas qu'ils déséquilibrent la poésie fragile de ce blog. Bref, c'est la crise et il faut s'en réjouir, car bientôt, quand tout cela ne sera qu'un lointain souvenir et qu'un petit chapitre dans les livres de CE2, nous serons tous des super-héros !!! Oui, car de nos pieds frondeurs, continuant d'avancer, nous aurons survécu à la crise.
Nous sommes puissants ! Nous sommes joie:foi:croit:déploit:toi+moi:ahahah ! Alors nous les puissants, qu'allons nous faire de ces super-pouvoirs maintenant que nous savons que nous en avons ? Reste donc à arbitrer sur la seule question à débattre... Où mettre cette toute puissance ? N'ayant pas trouvé la réponse, je m'évertue de canaliser la mienne dans mes textes (quoi ?... oui dans mes textes...), ou dans le business plan du Moodkit.... (chacun sa croix).
Mais d'autres, plus organisés que moi, ont fondé l'association des AhAhAh. Je vous laisse aller découvrir leur manifeste réjouissant "(...)ouvrez l’espace des possibles, soyez là où l’on ne vous attend pas(...)". Ils organisent leur premier événement du 11 au 21 juin 2013 à la Nef du Grand Palais : l'échappée belle. La créatrice Anne-Valérie Hash avec qui j'aime tant inventer le futur de la Mode, présentera une collection de robes des "belles échappées". Allez vous frotter à de l'optimisme, un pied devant l'autre, et échappez-vous autant que vous le pouvez.
S'échapper... c'est déjà se sauver...
Rédigé à 16:51 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent | Commentaires (3)
Précieux lecteur, toi qui m'accompagnes discrètement sans demander ton reste, oserais-je te dire que je m'en vais quelques jours. Je descends du cloud et vais voyager à la rencontre de mes souvenirs. Je vais construire ce beau, cet inoubliable que j'accrocherai à une boucle, au dessus de mon oreille pour le reste de ma vie. Quelques jours avec mon fils au Maroc, sac à dos, guidés par les seules faims qui nourrissent, celles d'apprendre et d'aimer. Detox totale du blog, de Facebook, de Twitter, mais des carnets et des crayons, des débuts d'histoires pleins les poches, celle d'Antoine et Marc, celle de Jésus, celle de Elle et Lui, celle de Jean-louis... Et puis ces poèmes en bouche qui font de moi une presque jeune fille de la fin du XIXeme siècle...
Pendant mon absence, je te laisse redécouvrir les quelques cailloux que j'ai posé ici pour me souvenir du chemin. J'espère que tu seras encore là à mon retour. Je te promets quelques cadeaux...
Cette sélection n'engage que moi bien sûr et je serai contente en rentrant de découvrir vos commentaires et les autres textes que vous avez retenus. Comme je pars 10 jours, je vous laisse exceptionnellement avec un poème. C'est très rare que j'ose les faire lire, mais j'aime l'idée de libérer un oiseau de sa cage. Attention fragile...
(Oups... Désolée pour ceux qui n'arrivent que maintenant, mais je viens de m'auto-censurer... L'oiseau est retourné dans sa cage. Je ne pense pas que ce soit la place d'un poème ici finalement. On verra plus tard...)
Photo de heterotopia
Rédigé à 10:46 dans J'aime les artistes | Lien permanent | Commentaires (5)