C'est la nuit. Depuis plus de 5 ans, 6 ans, c'est la nuit. Tous mes mots sont endormis. Parfois une insomnie me tire du lit, mais je reste silencieuse. Je rêve. Le bonheur c'est doux comme les bras d'un enfant qui s'enroulent. Le temps s'arrête, la couette est toujours chaude. Je crois avoir écris il y a longtemps qu'être mère s'est retenir le temps. Et bien j'y suis, le sommeil lourd d'amour. Je retiens la nuit.
Depuis peu, mes mains rasantes, ne trouvant plus de stylo, ont plongé dans la terre. C'est une rencontre étrange, un voyage dans le temps, je vous parle de nuits ancestrales. Les mouvements des mains dans la terre ont aveuglément trouvé leur route et je malaxe, je malaxe, je malaxe, je chewing gum, je boudine, je mouline, j'écrase, j'étire. Je crée des quantités d'assiettes, quelques tasses. Je redécouvre le goût du café, comme j'aimais autrefois le goût de la virgule.
La terre me sort peu à peu de mon sommeil. J'attends avec émerveillement le lever du jour, je crains désespérément la fin de la nuit.