Si je suis parfois tentée de vous raconter mes vacances, j'ai d'abord envie de vous dire que je n'ai vraiment rien fait. Arrêter de faire ce qu'on a à faire, et donc ne rien faire, c'est exactement ça les vacances. Vider le vase éventuellement, rien de plus.
S'allonger dans une chaise longue, presque nue, juste une paire de bottes de sept lieues. Et voyager loin vers l'ailleurs, cet autre soi qui était étouffé derrière les caisses de : to do, to think, to share, to love... Rien à faire, rien à penser, rien à partager, rien à aimer... J'entends ici, rien par obligation, rien par devoir.
Alors enfin, aimer vraiment, partager seulement, penser différement, et faire exactement l'essentiel, rien de plus.
Accueillir.
Se nourrir.
Et découvrir la grâce des brins d'herbe, comme si c'était la première fois que je me laissais toucher.
Ecrire la nuit et relire mes phrases au matin, avec un sentiment d'étrangeté. Qui parle en moi ? Pourquoi toujours le deuil et la séparation ? D'où me viennent ces poèmes comme "le trou" où j'écris "à la tombée du temps, la nuit est immense"...
Danser pour atteindre la transe, celle où les regards s'effacent, seule compte la joie que je fabrique moi-même, comme l'âne banquier de Peau-d'Âne qui fabrique lui-même son or.
Lire des pages et des pages et reconnaître une phrase qui m'était destinée : "Ce que je trouve est mille fois plus beau que ce que je cherche" Christian Bobin, encore lui, dans "Autobiographie au radiateur".
Apprendre à attendre et croire que je n'y arriverai jamais. Constater, étonnée, que finalement j'attends patiemment. J'attends, j'étends, j'atteins.
Se découvrir, peu à peu, participer à un concours de nouvelles et risquer de ne pas être retenue.
Aller là où je veux aller, sans en connaître la route. Se promener sur la vie.