Elle s'était longtemps couchée tôt sur un petit oreiller rectangulaire. Il s'était longuement préparé à l'affrontement.
Depuis qu’elle l’avait rencontré, son champs des possibles lui semblait être devenu une immense étendue. Il avait sans le savoir, ouvert les enclos et tracé ses propres chemins. Elle l’avait laissé faire, observant avec sérénité cet étranger qui prenait place. Elle aimait cet envahisseur et acceptait tendrement ses prises de pouvoir. Il la traversait de part en part, conquérant.
Elle lui livrait quelques clés, pas toutes. Plus il se l’appropriait et plus elle se déployait, portée par son inspirante présence.
Elle étendait grace à lui, le territoire de ses pensées amoureuses en construisant méthodiquement, patiemment, des ponts entre chaque doute. Peu lui importait désormais de se construire un fort de certitudes, elle repoussait toujours plus loin son domaine en reliant terres fermes et marécages. Elle déambulait sur la toile fine de ses contradictions. Allant et venant, libre, vaste. Laissant les rivières déborder de leur lit, imbibant sous l’herbe les terres ennemies, fertilisant toujours plus loin son empire.
Elle régnait sur lui. Il régnait sur elle. Et en cela ils étaient parfaitement égaux. Elle lui offrait cet espace infini à conquérir. Elle se laissait prendre, mais restait à jamais inaccessible dans sa totalité.
Elle avalait parfois ses vérités, mais se laissait le droit de les recracher. C’est ainsi qu’elle l’admirait le mieux : jaillissant à sa conquête. Lui avait le goût artificiel de l’invincibilité.
Magnifique dessin de Quibe