Début mai, un soir de nuit étoilée dans le désert, une porte s'ouvrait dans mon dos. Une petite porte que je n'avais jamais remarquée, et qu'une voix inconnue m'ouvrait doucement en me racontant l'histoire du besoin de x. (ici le récit de la nuit étoilée). Je me laissais guider par le besoin de x, sans savoir ce que c'était, mais comprenant à demi mot que c'était là le sens. J'étais aspirée par ce besoin d'inconnu.
Quelques temps plus tard, de retour à Paris, je comprenais que ce que j'avais pris pour le "besoin de x" était, en fait, le "boson de Higgs". Rien à voir. Tout à voir.
J'avais passé, infiniment petite, la porte de l'infiniment grand. Depuis, tout mon système de pensées s'est libéré de la force gravitationnelle. Emancipation physique impossible, là où l'émancipation poétique réussie ce voyage transitionnel. Ce que ma rationalité ne peut concevoir, ma poésie peut l'imaginer. Les mots sont étonnamment éloquents à exprimer ce qu'ils ne comprennent pas. "Boson de Higgs" et "besoin de x", rien de plus faux, et pourtant, rien de plus juste.
Pour me confronter à ce gouffre aspirationnel, je suis allée hier soir à une conférence sur "La nuit des origines" à l'UNESCO. Assise au premier rang pour ne rien manquer de ce qui me manque. Je ne saurais vous retranscrire exactement le contenu du repas, mais j'ai dévoré chaque idée, chaque question, chaque hypothèse, et je sens que la digestion va être longue... Un jour, je l'espère, on retrouvera quelques part dans un de mes textes, quelques traces des fluctuations quantiques du vide.
Je vous livre une leçon, interprétation très personnelle, reçue hier soir par ces chercheurs : Il y a une différence entre la persévérance et l'obstination. Parfois, quand on ne trouve pas la réponse à la question, c'est peut-être qu'il faut changer la question...
Enfin voilà... ça me rend très heureuse... Certains s'étonnent que, depuis quelques temps, je partage compulsivement des vidéos sur Facebook d'Etienne Klein, mais à chacun son Mike Jagger... Hier soir, il était là, à quelques mètres, et je commençais ainsi, tardivement, à 39 ans, ma vie de midinette... Impossible de franchir le dernier mètre qui nous séparait pour aller le remercier. Comment lui dire en quelques secondes ma nuit étoilée, la porte dans mon dos, mon besoin de x, ma "reconnaissance" et l'éloquence de ce mot quand je l'écoute parler. Alors c'est mon fils qui est allé le voir. Merci Swann. Merci Etienne Klein.