Je reviens du Maroc avec une impression fragile : Le voyage n'est pas toujours celui qu'on croit. Je dis "celui" comme si le voyage m'avait accompagné. Nous discutions lui et moi sur le chemin, il me faisait découvrir ses trésors, j'avalais quelques graines de courges grillées, c'était agréable d'oublier Paris, la ligne 4, les to do lists, les horaires... J'écoutais, je rencontrais, j'étais attentive, presque studieuse et puis je ne sais comment... Je ne saurais dire pourquoi... J'ai senti que je devenais le voyage... Avez-vous déjà vécu cette expérience en direct ? Il me semble que j'avais déjà dû ressentir quelque chose de semblable auparavant, mais que je ne l'avais réalisé que longtemps après.
En empruntant en voiture la route de Marrakech à Zagora, il y a d'abord les paysages changeants comme si des vents contraires avaient dessinés des mondes différents sur chaque montagne. Mais plus enivrant encore que ces vents intenses, c'est le temps qui semble venir de si loin qu'il est à lui seul un voyage. C'est un temps nouveau, que je découvre et qui me change.
Je découvrais hors de moi un temps non conditionné, sans repères, que j'ai fini par m'accaparer comprenant que c'était sans doute ici ma chance et le sens à saisir. Combien de temps ai-je tenu mon rôle dans ces virages temporelles ? Et si j'ouvre la fenêtre ? Et si je le lâche ? Que se passe-t-il ? Est-ce que j'existe encore ? Qui suis-je quand je me dépossède de ce qui me retiens ? Il ne reste que l'humain. Tout le reste, je le comprends alors, n'est qu'une poignée de sable entre mes doigts. Ici, au milieu du désert tout devient alors possible, neuf. Un berbère peut tomber amoureux d'une danoise, un allemand, ingénieur mécanicien chez Mercédès peut devenir hôte dans un oasis. Et moi, de quoi suis-je vraiment capable quand j'enlève mon manteau ?
Le vent qui me bouscule sans cesse et me crache à la figure n'est rien à côté de ce temps tyran qui m'attend. Il s'étend à l'infini et me regarde. Il guette. Il attend patiemment que je sois prête. Ici c'est le temps qui me prend. Je perds la notion de la notion. Reste que j'existe intensément. J'ai le temps d'être vivante.
De retour à Paris, le voyage est fini. On n'a pas de temps à perdre. Je reprends vite mon rôle et je remets mon manteau, parce qu'ici il fait froid.
J'ai eu ces mêmes impressions lors de notre séjour au Maroc et plus précisément lors de notre treck dans le désert pendant 4 jours, à pied, seuls dans ces dunes à perte de vue. Une expérience inoubliable qui nous bouscule. Merci pour ce souvenir.
Rédigé par : Le Blog de Solene | 14 mai 2013 à 10:39
Au biseau des baisers
Les ans passent trop vite
Évite, évite, évite
Les souvenirs brisés
Oh toute une saison qu'il avait fait bon vivre
Cet été fut trop beau comme un été des livres
Insensé j'avais cru pouvoir te rendre heureuse
Quand c'était la forêt de la Grande Chartreuse
Ou le charme d'un soir dans le port de Toulon
Bref comme est le bonheur qui survit mal à l'ombre
Au biseau des baisers
Les ans passent trop vite
Évite, évite, évite
Les souvenirs brisés
Je chantais l'an passé quand les feuilles jaunirent
Celui qui dit adieu croit pouvoir revenir
Il semble à ceux qui meurt qu'un monde recommence
Il ne reste plus rien des mots de la romance
Regarde dans mes yeux qui te voient si jolie
N'entends plus mon coeur ni moi ni ma folie.
Rédigé par : Louis Aragon | 15 mai 2013 à 23:16