Je partage ma vie avec un prédateur. Il est bien plus grand et bien plus fort que moi. Il ronfle comme un sonneur de glas et prend toute la place dans mon lit. Quand parfois je l'abandonne à un sommeil, il s'allonge sur moi et m'écrase de tout son poids.
S'il me mange parfois dans la main comme un chat, je garde toujours un oeil ouvert, car je sais combien son coup de griffes est fatal. J'ai fabriqué une laisse de fortune avec des chaînes de camion, mais bien que je m'évertue à suivre la route, il me pousse ailleurs, me tire vers les chemins de jungle où il veut régner. Il veut vivre sans destination. Un jour, un royaume.
J'ai beau enfoncer plus profondément les pieux de l'enclos pour le tenir à vue et délimiter son territoire. J'ai beau le cantonner à la nuit noire et cesser de le nourrir pour qu'il se calme. J'ai beau l'ignorer et lui tourner le dos, il est là. pointant sa griffe sur mes cervicales, cette douleur lancinante qui ne me quitte jamais.
Mais je ne veux pas fuir, ni le tuer, au contraire. Ce sauvage affamé, c'est moi. Quand je saurai avancer près de lui sans laisse alors il n'y aura plus de jungles, plus de forêts, ni d'eaux profondes, il n'y aura plus que cette immense plaine qui s'offrira à moi. Une vie pleine.
photo vue sur The sick
J'ai cru un moment à un scoop... Bien vu the devil inside.
Rédigé par : laetitia | 29 mars 2013 à 22:49
Tout simplement sublime.
Rédigé par : Fred | 30 mars 2013 à 09:55
Je viens te lire le matin, je viens te relire le midi, et toujours je reviens le soir. Maintenant je reviens aussi le week-end... C'est la prescription du docteur bonheur.
Rédigé par : Judith | 30 mars 2013 à 17:09