Il y a les épreuves, les étapes, les matchs, ces points culminants pendant lesquels nos sorts se jouent, et puis il y a ce que j'appelle les "temps morts".
Dans une semaine nous serons en finale contre la Nouvelle-Zélande, dans quelques mois nous élirons un président de la république, dans quelques jours je recevrais des Mood kit... Ces étapes sont connues et éclairent nos chemins tels des points de repères temporels...
Et puis, il y a les étapes sans repères temporels : Un jour je rencontrerai un homme que je rendrai heureux et qui me rendra heureuse, un jour j'arrêterai de faire des Mood kit pour faire autre chose, un jour mon fils tombera amoureux...
Puis, il y a les étapes fantasmatiques qui n'ont pas de repères temporels et pas d'ancrage dans la réalité. Elles sont parfois le moteur éphémère de nos existences, mais peut-être ne se réaliseront jamais : Peut-être qu'un jour j'écrirai un livre, peut-être qu'un jour j'aurai un deuxième enfant, peut-être qu'un jour je vivrai à New-York...
La bonne nouvelle, c'est que pour moi tomber amoureuse ne fait pas partie de la catégorie des fantasmes. Ouf.
Mais la question que je vous pose aujourd'hui c'est : Que faites-vous entre deux étapes ? Entre deux matchs ? Pendant les temps morts ? Est-ce que vous savez lâcher prise, relâcher la pression, vous reposer et prendre du recul ? Ou est-ce que comme moi vous n'êtes jamais vraiment certaine d'être autorisée à le faire... jamais libre de vous reposer sans vous en justifier des heures... Jamais libre de prendre une pause pour admirer le chemin parcouru, sans craindre que tout s'écroule...
Heureusement, le corps humain a mis au point un concept extraordinaire pour les cas extrêmes comme le mien : La somatisation. Quand ma tête refuse de se reposer, mon corps dis stop. Littéralement. Ce week-end, j'ai vécu un épisode édifiant. Après une longue semaine, riche en rebondissements, en émotions et en fatigue physique, je planifiais un week-end surchargé de travail, de rendez-vous et de manifestations en tout genre, comme si "l'occupation pour un changement mondial", les primaires socialistes", et "la marche des bébés" ne pouvaient se faire sans moi... Résultat deux oedèmes énormes aux mollets m'empêchèrent de poser les pieds par terre pendant deux jours.
Bref, vous qui au début de mon article étiez prêts à jurer que vous êtes des pros de la sieste du week-end, si vous me racontiez plutôt vos somatisations les plus sympathiques.
Ce fut ma crise d'appendicite le jour du deuxième entretien pour un job que j'étais sûre de décrocher... Refusant de m'écouter, j'y suis allée quand même et le directeur de la rédacton qui ne m'avait encore jamais rencontrée s'est demandé qui était cette candidate au charisme de mollusque. C'est vrai que j'ai passé l'entrevue à me demander s'il fallait mieux que je vomisse sur son bureau ou dans sa poubelle - finalement, j'ai attendu l'entrée de l'hôpital. Il n'a jamais rien voulu entendre, même quand il a su que j'étais sur le billard deux heures plus tard - moi, j'aurais récompensé cet acte de bravoure... Résultat, quatre ans après, toujours précaire.... Sans parler de la cicatrice au nombril, mais ça, c'est une autre histoire.
Rédigé par : Anne-Laure | 18 octobre 2011 à 10:13
Nos parents nous ont appris à vivre intensément. A profiter de chaque instant comme si on pouvait mourir demain. C'est une force, mais c'est aussi un poids car du coup on n'a jamais le droit de se reposer. C'est peut-être pour ça que tu ne "t'autorise pas"... T'inquiètes ma Fanny, tu as le droit.
Rédigé par : Fred | 18 octobre 2011 à 11:19
j'ai loupé un entretien pour un poste extra car mon iphone est resté bloqué à l'heure d'été... je suis arrivée avec 20 minutes de retard et le mec n'a rien voulu savoir.
le poste était à une heure de transport de chez moi et j'étais à ce moment là à 2 jours d'accoucher.
qq mois plus tard je me suis rendue compte de la connerie que cela aurait été de perdre tout ce temps dans le rer.
et je crois que le destin m'a fait un clin d'oeil pour que ça ne se fasse pas.
dans un autre genre, j'ai eu 3 mois de palpitations terribles qui ont nécessité des examens cardiaques poussés. palpitations qui ont miraculeusement cessé le jour où j'ai dit à mon boss que je voulais partir... mon corps me faisait signe de ce que je ne voulais pas voir: je n'aimais plus mon job.
Rédigé par : queen of fucking everything | 18 octobre 2011 à 18:00