Je me promène sur la vie sans destination.
Je me promène sur la vie sans destination.
Rédigé à 13:42 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Hier soir tu es allée te coucher avec cette pensée qui semblait te colleter haute sur ton oreiller. Tu ne savais trop que faire de cette information, ni vraiment ce que tu ressentais, s'il fallait se réjouir ou peut-être s'inquiéter. La nuit emporterait dans sa douce chaleur la dernière trace de tes 6 ans.
Ce matin, à la fraîcheur du premier jour, tu bondiras sur le matelas du nouveau monde en ouvrant la porte de tes sept ans.
Rédigé à 04:37 dans J'aime les enfants | Lien permanent
Chaque matin, malgré le temps qui passe, une pensée pour cette photographie par Robert Capa, de Françoise Gilot escortée par Pablito.
La joie triomphante.
Il n'y a pas que de la Simone, qu'elle soit Veil ou de Beauvoir, il y de la Françoise aussi en nous, en Fanny, en Solange, et peut-être même en Beyonce.
Rédigé à 12:14 dans J'aime les idées | Lien permanent
Je te regarde encore. Je te l'avais promis comme une enfant. Même hors champs, ton corps brûlant, tes pieds dans la fraicheur, et tes pensées fourmillant sur le sol, je te regarde encore.
Même là où tu n'es pas, je te vois.
Traces universelles.
Peinture de Jonathan Wateridge - Long Day in the Sun, 2020
Rédigé à 11:45 dans J'aime les idées | Lien permanent
Une pointe d'ombre résiste à la courbe enjambée de lumière, pleinement fessée.
Un fil déroule sur la crête, sillant du faîte, tirant jusqu'au pied, le territoire assiégé.
Cette céramique de Gisèle Buthod Garçon a une présence captivante, elle vole le regard à toute autre céramique que l'on poserait à côté. La pauvre Brigitte M. en a fait les frais.
Rédigé à 11:30 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Lourd
J’aurais aimé que la blancheur de la page m’aspire comme une eau claire où plonger, rapide, vivifiante, entrainante
Mais c’est le lourd qui est là.
Lourd
Ce mot si simple, si évident, qui me pèse dans la gorge.
Lourd dès la langue.
Lourd comme l’effort qui m’attend
Sortir hors de moi-même, hors de ma vie, pour écrire du soubassement, du si bas, du si profond.
Je m’échappe comme je peux mais ce velours aux lèvres, si soyeux, m’absorbe dans sa douceur.
Ma vie est si douce que l’effort d’écrire est un arrachement.
Les mots doivent sortir parfois par le coup du bourreau qui fait exploser la jambe.
Je n’écris pas avec l’autorisation, je dois crier, cracher mon cri.
Le mot, une fois posé, est d’une telle revendication que j’ai peur de sa lame.
Tant qu’il est retenu dans le fin fond de mon ventre, dans le monde invisible, la paix règne sur le monde, mais écrire c’est risquer le chaos.
J’écris de la femme heureuse que je suis.
Aimée, accompagnée, jamais forcée.
J’écris de cette place, minuscule, que m’ont faites à la force de leurs bras mes ancêtres, et si je connais peu leur chemin, je sais suffisamment la peur du noir.
Je leur dois.
Du haut de ma joie, édification hétéroclite et instable de pleins et de vides, je tiens en équilibre.
Comme tout ceci est fragile. Le vertige de l’écriture me rappelle combien je suis faite de doutes de toutes sortes, mais qu'aucun d'eux n'est assez bancal, au final, pour m'empêcher de construire. Aucun doute n'est suffisamment raisonnable pour nuire à ma folle détermination.
Le seul risque c'est la douceur des choses...
comme une main sur une peau de velours...
ça glisse.
J’écris comme on commet un crime de lèse majesté au bonheur souverain.
Je risque de tout perdre pour consacrer l’écriture.
Tour à tour proie et prédatrice, je rôde au dessus de la page guettant le mot, prête à plonger, mais ne lâchant jamais du regard le doute dans mon dos. L’écrivaine se déploie ainsi de tous ses bras, de tous ses yeux, de toutes ses bites, elle est partout, combattante et suppliante.
Du bonheur ou de l’écriture, quel est le monstre ?
Faut-il que l’un avale l’autre, nécessairement ?
Rédigé à 14:28 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
C'est la nuit. Depuis plus de 5 ans, 6 ans, c'est la nuit. Tous mes mots sont endormis. Parfois une insomnie me tire du lit, mais je reste silencieuse. Je rêve. Le bonheur c'est doux comme les bras d'un enfant qui s'enroulent. Le temps s'arrête, la couette est toujours chaude. Je crois avoir écris il y a longtemps qu'être mère s'est retenir le temps. Et bien j'y suis, le sommeil lourd d'amour. Je retiens la nuit.
Depuis peu, mes mains rasantes, ne trouvant plus de stylo, ont plongé dans la terre. C'est une rencontre étrange, un voyage dans le temps, je vous parle de nuits ancestrales. Les mouvements des mains dans la terre ont aveuglément trouvé leur route et je malaxe, je malaxe, je malaxe, je chewing gum, je boudine, je mouline, j'écrase, j'étire. Je crée des quantités d'assiettes, quelques tasses. Je redécouvre le goût du café, comme j'aimais autrefois le goût de la virgule.
La terre me sort peu à peu de mon sommeil. J'attends avec émerveillement le lever du jour, je crains désespérément la fin de la nuit.
Rédigé à 01:59 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Dans le flot discontinu des indignations légitimes, comment trouver un espace audible pour tenter d'alerter l'opinion sur un micro signal faible ? Comment oser prétendre à solliciter votre attention ne serait-ce qu'un instant à cette tendance insidieuse et quasiment indolore ? La disparition des cuisines dans nos intérieurs.
Je l'ai pourtant entendu à plusieurs reprises, le bruit des cartons d'assiettes déposé dans la rue, les jours d'encombrants... Je l'ai entendu entre la poire et le fromage en discutant avec des architectes qui "pensent" la cuisine du futur dans les villes... Je l'ai entendu, entre deux ou trois considérations sur l'avenir de nos sociétés en écoutant le sociologue Jean Viard. La cuisine, déjà réduite à peau de kitchenette, va complètement disparaître de nos intérieurs urbains dans les prochaines années.
Ne chercher pas à confirmer cette information en tapant "nouvelle tendance déco cuisine" car on va continuer de nous vendre le rêve de cuisines immenses et super design pendant encore un grand nombre d'années. Non, je vous demande de faire l'effort de regarder autour de vous, chez vos amis qui habitent en centre ville, ou dans les annonces immobilières. Plus, le prix de l'immobilier grimpe et plus la cuisine rétrécie, c'est factuel. La "Kitchenette", un nom bien mignon pour mieux nous faire avaler la tartine. Il y a également sa petite soeur, la "cuisine ouverte mais invisible", si bien intégrée, qu'elle a totalement disparue... Mais le nouveau facteur aggravant qui a convaincu les architectes d'intérieur de carrément se passer de cuisine dans leurs plans d'avenir, c'est l'augmentation exponentielle des services de livraison à domicile.
Je ne vais pas vous sortir des chiffres sur l'explosion de ces services pendant la pandémie. Je vous laisse chercher par vous-même car c'est un sujet passionnant. Non, si je prends la peine de vous déranger avec mon sujet d'indignation de Bobo parisienne c'est pour vous rappeler que la cuisine, "l'espace cuisine" de nos intérieurs, c'est notre atelier créatif. On FAIT la cuisine. C'est un lieu de création, d'invention, d'expérimentation, de prise de risque, d'audace, d'exploration. Quelle société allons-nous devenir si nous nous laissons uniquement nourrir de l'extérieur ? A quel point sommes nous prêts à avaler passivement ? Je vous parle évidemment autant des nourritures terrestres que des nourritures spirituelles, puisqu'il s'agit bien de cela. Si on nous enlève ce lieu d'expérimentation qui nous permet encore de former notre propre avis sur la cuisson de la courgette, comment pourrons-nous prétendre continuer de faire notre propre avis sur la direction du monde ?
J'ai une pensée pour Golda Meir, cette femme premier ministre israélienne qui prenait toutes les décisions cruciales du pays dans sa propre cuisine. Elle ne le faisait pas parce que la cuisine était la place des femmes, (j'ai parfois peur de votre cynisme), elle le faisait parce qu'elle savait que ce lieu du FAIRE était un lieu, ultime, de pouvoir et d'audace.
Rédigé à 11:15 dans J'aime les idées | Lien permanent
Lundi 9 novembre 2020.
Je suis dans mon bain.
J'écoute France Inter, Fabienne Sintes.
Depuis la fin du confinement +35% de suicide chez les femmes japonaises.
La hausse est de + 75% chez les femmes japonaises de moins de 30 ans.
Les chiffres me prennent par la gorge quand trop de paroles coincent à la porte des mots.
Je réouvre le blog car ce que je ne peux dire, je peux l'écrire.
Succinctement.
Incompréhensible.
Noter ce qui est vrai.
1 854
40
30
illisible vérité.
Rédigé à 23:15 dans J'aime les idées | Lien permanent
Mes chers lecteurs, je ne suis plus ici, mais je continue mon chemin armée de mon stylo, dans les sous-bois des mots... Je travaille, je transforme, j'essaie, je cherche... J'emprunte mon nouveau nom à l'un de mes textes, je suis devenue cette créature étrange née du chagrin et de la grâce et vous pouvez me retrouver sur divers réseaux sociaux en cherchant : La Chagrâce...
Sur Instagram instagram.com/la_chagrace
Sur Facebook facebook.com/lachagrace
Sur Twitter twitter.com/la_chagrace
J'esquisse sur la toile la vague silhouette d'une femme poète, ne sachant pas s'il s'agit là de la chenille ou du papillon. Je m'approche de la lumière, consciente de la brûlure promise, mais ce voyage étranger vaut la peine de s'y perdre. J'ai découvert, il y a peu, une grande communauté de poètes sur Instagram et sur Twitter, principalement anglophones, et j'ai trouvé leur démarche intéressante, créative, remuante. Je manque de recul, et ne sais pas encore si la part des mots n'est pas trop rongée par l'expérience visuelle, mais j'ai envie de travailler la matière, le texte, la photo, la vidéo, les voix...
Je vous invite à me suivre et à me donner régulièrement vos impressions sur vos lectures. Quant à la suite... à un moment donné, il faudra bien que je force ma retenue et que je contacte des revues de poésies et des éditeurs pour me frotter à une autre réalité. Vos conseils et recommandations seront les bienvenus. Je vous remercie de votre présence et de votre bienveillance.
Je suis heureuse. Je danse. Je suis heureuse.
Rédigé à 11:41 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Rédigé à 12:50 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Motment Nom masculin, /mɔ.mɑ̃/
Trace écrite d'un instant véritable qui n'a pas assez vécu pour être indéfiniment vrai.
Palimpseste du souvenir
Synonymes : saignature, encre parenthèses
Photo de Saul Leiter
Rédigé à 11:00 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Ecrire... Se remettre à écrire... Quelle immense plage blanche sur laquelle je me promène depuis un an sans laisser d'empreintes. Il parait qu'il est impossible d'écrire, quand on est amoureux, sur une plage blanche... Alors je ne me plains pas, mais je tente une rééducation post traumatique.
Je commence par l'appui tête.
Appuyer mon esprit contre un autre, inspirant. Reprendre le fil de mes pensées, là où quelqu'un d'autre avait laissé les siennes. Convoquer Etienne Klein, le magicien... Il dit qu'il est physicien, mais pour moi, aucun doute, que tout ce qu'il appelle Physique ou Mathématiques ne sont en réalité que des lignes d'incantations et non d'équations, indéchiffrables, à peine visibles, mais dont le tour de magie est toujours bluffant pour les spectateurs dans la salle.
Je ressors son dernier livre paru cet été : "Le Monde selon Etienne Klein" et j'y extraie mon titre "Le degré d'espoir" qui est l'anagramme de "l'idée de progrès"... J'ai un titre ! Je progresse... Du moins, c'est l'espoir que j'en ai...
Les mots sont fascinants, ils vous feraient presque croire qu'il y a un sens, ou une vérité cachée, là où il n'y en a pas. Surtout les anagrammes à l'éloquence trompeuse. Mais, si les mots sont de séduisants trompe-l'oeil, ma recette de l'appui tête semble encore fonctionner. La mécanique des fluides vrombie légèrement. C'est à peine un souffle d'inspiration, mais je le sens remonter le long de mon épine dorsale. Ma tête se redresse et j'ouvre mon cahier. C'est un soulagement. Comme une possibilité qui se laisse entrevoir, sans rien promettre. Rester humble et gravir la dune pour sortir de la plage.
Je commence à réfléchir au projet de la rentrée, celui de la réinvention de soi, car la précieuse Christie anime un atelier sur ce sujet le 16 septembre et m'a demandé de venir co-animer cet atelier exceptionnellement. Inscrivez-vous ici... Je ne sais pas avec quel degré d'espoir vous en repartirez, mais j'ose espérer que ce sera au moins avec l'idée de progrès...
Rédigé à 11:19 dans J'aime les guides | Lien permanent
Rédigé à 11:42 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Hello...
Hello dit l'écho...
Etrange lecteur imperturbable, que fais-tu donc encore ici, dans ce désert ?... Ne vois-tu pas que je n'y suis plus. Je voyage. Un voyage onirique entre le tour du monde et la tournée commerciale du charcutier traiteur du Plomb du Cantal. Un entre deux tours. En tout cas, loin d'ici.
Je n'ai rien à dire. Il me semble que ma poésie s'est endormie. Je la gratte, je la force, mais les mots qui s'allument sur la page n'ont pas de goût, pas de profondeur, pas d'intérêt. Je garde le stylo en l'air, il rôde sur la page. Je l'observe comme si j'étais étrangère à cette main qui le tient bien serré. J'attend qu'il repère une proie dont j'ignore l'existence à l'instant présent de l'écriture. Je désespère de le voir plonger avec assurance. Il reste en l'air, suspendu entre mes doutes et mes néants. Je crains l'infini quand rien ne vient, rien ne se crée. Je me vide de ma foi. Le silence m'accable.
Alors je lis, je pose, je prends des cahiers plus petits, des feuilles moins blanches. Le ticket de métro me semble être un support convenable. J'y écris serré ceci : Vivre c'est faire des choix, faire des choix, faire des choix, et quelque fois, attendre d'être choisi.
Rédigé à 17:25 dans J'aime les artistes, J'aime les histoires | Lien permanent
Rédigé à 12:07 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Elle s'était longtemps couchée tôt sur un petit oreiller rectangulaire. Il s'était longuement préparé à l'affrontement.
Depuis qu’elle l’avait rencontré, son champs des possibles lui semblait être devenu une immense étendue. Il avait sans le savoir, ouvert les enclos et tracé ses propres chemins. Elle l’avait laissé faire, observant avec sérénité cet étranger qui prenait place. Elle aimait cet envahisseur et acceptait tendrement ses prises de pouvoir. Il la traversait de part en part, conquérant.
Elle lui livrait quelques clés, pas toutes. Plus il se l’appropriait et plus elle se déployait, portée par son inspirante présence.
Elle étendait grace à lui, le territoire de ses pensées amoureuses en construisant méthodiquement, patiemment, des ponts entre chaque doute. Peu lui importait désormais de se construire un fort de certitudes, elle repoussait toujours plus loin son domaine en reliant terres fermes et marécages. Elle déambulait sur la toile fine de ses contradictions. Allant et venant, libre, vaste. Laissant les rivières déborder de leur lit, imbibant sous l’herbe les terres ennemies, fertilisant toujours plus loin son empire.
Elle régnait sur lui. Il régnait sur elle. Et en cela ils étaient parfaitement égaux. Elle lui offrait cet espace infini à conquérir. Elle se laissait prendre, mais restait à jamais inaccessible dans sa totalité.
Elle avalait parfois ses vérités, mais se laissait le droit de les recracher. C’est ainsi qu’elle l’admirait le mieux : jaillissant à sa conquête. Lui avait le goût artificiel de l’invincibilité.
Magnifique dessin de Quibe
Rédigé à 04:49 dans J'aime les histoires, J'aime les idées | Lien permanent
Une scène, une danseuse, une poursuite lumineuse... BAM... Et tout d'un coup un mot éclabousse et fait sens. Un écho à ma recherche profonde, ricoche sur le bord, et emmène mon regard à l'endroit où il faut plonger.
Je plonge.
Le halo de surface pénètre avec moi et dans cette eau trouble, j'entends de nouveau le mot "poursuite" qui continue de raisonner, je donne un coup de pied pour remonter.
Qu'importe l'air ou l'eau. Je suis à la poursuite de la vie, du sens, du beau, du véritable...
Qu'importe l'air ou l'eau. Partout la vie me poursuit, la vérité me braque ses phares en pleine figure.
Rédigé à 23:28 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Créatif culturel contre capital risqueur ? J'aime bien quand les opposés s'attirent. Les idées alors se confrontent et, dans un jeux de miroir, une autre réalité se crée, à l'angle des possibles. La vision de l'expression "créatif risqueur" prend racine dans ma tête et ne me quitte plus. Ces deux mots roulent et s'enroulent : risquer de créer / créer du risque / C'est l'heure de la risqréation !!! Risquer de créer des mots pour communiquer une idée plus simplement en la réduisant à son essence même. Un mot unique.
Risqréation //ʁis.kʁe.a.sjɔ̃/ féminin, nom commum
définition 1 : Moment privilégié qui se distingue des autres moments de la vie par un sentiment d'émancipation par rapport aux régles établies
définition 2 : Instant choisi, cravache au poignet, pour lâcher la bride et fabriquer soi-même cette adrénaline qui conduit toujours à la découverte d'un nouveau chemin.
définition 3 : Pauser l'impossible quelques minutes, pour mieux entendre l'appel du vœu personnel. Loisir qui change la vie.
Synonymes : Périlheureusement, Écueillage, Distracréation
Déjà entendu dans un moment de risqréation : "Impose ta chance, serre ton bonheur, va vers ton risque, à te regarder ils s'habitueront"
J'aime ceux qui savent prendre des risques, ils ont cette énergie de vie inspirante et généreuse qui vous éclabousse comme un geiser. Ils vous mouillent, vous impreignent, vous font boire à la source. J'aime naviguer dans leur cours d'eau, ils étendent mon territoire... On ne nous apprend pas forcément à affronter les dangers, plutôt à les éviter, mais c'est alors un plus grand péril qui nous menace : celui de ne pas avoir vécu...
Ma douce amie Christie Vanbremeersch, source inépuisable d'inspiration, organise un stage de 2 jours : Batterie nouvelle les 5 et 6 avril 2014. Elle accompagne celles et ceux qui ont besoin d'un petit coup de pouce pour faire ce grand saut. Pour passer du rêve à l'action. Si vous voulez devenir un créatif risqueur, elle saura vous faire prendre conscience de vos atouts véritables et vous faire brandir cette cravache d'une main de velours.
Elle vous délivrera... (ce qui lui correspond bien)...votre permis de créer
Rédigé à 13:27 dans J'aime les entrepreneurs, J'aime les guides, J'aime les idées | Lien permanent
Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas parlé du Moodkit, le vêtement de grossesse... Pourtant c'est toujours ma vie, parfois lourde, parfois enivrante... Je le réinvente, je me réinvente... J'essaie toujours de trouver de nouveaux chemins, des raccourcis, des voies interdites avec des marches que je grimperais quatre à quatre... Voici quelques pistes que je vous encourage à partager largement sur Pinterest, Tumblr et Facebook. Toi + Moi + Tous les autres = Moodkit.com
Rédigé à 11:19 dans J'aime les entrepreneurs, J'aime les femmes enceintes | Lien permanent
Il venait souvent devant chez nous. Il restait là, au croisement des quatre chemins, attendant patiemment que quelqu'un sorte lui faire un peu la conversation. Etait-il demi fou ? Demi sot ? Je me souviens de ses ongles épais et noircis par la crasse, son pantalon noir, décousu sur le côté, toujours le même, et sa casquette qui finissait d'aplatir les quelques poils qui lui restaient sur le crâne. Je me souviens que, petite, je le fixais sans discontinuer. Tout me paraissait fascinant dans sa façon incompréhensible de s'exprimer. Ses lèvres burinées articulaient mal son accent auvergnat. Mais qu'importe s'il lui manquait des manières, du vocabulaire et des dents. Je sentais qu'il aimait qu'on l'écoute et moi j'aimais l'écouter, comme un jeu de déduction : le qu'est-ce qu'il dit Jojo ?
Le plus souvent, il y trouvait mon grand-père qui l'invitait alors dans son garage pour boire une bière et parler pêche, canne à pêche, appât à pêche... et puis du Maire... Ils aimaient bien parler du Maire dans ce village. Je me tenais près d'eux et je voyais que mon grand-père avait tendance à décrocher... Son regard s'éloignait confusément dans le vague, traversant le front de Jojo comme s'il y percevait l'infini, puis revenait d'un coup, comme si on lui avait pincé les fesses. Il ne comprenait presque rien aux éclats de Jojo et il trouvait la bière tiède. Il ressortait toujours éprouvé de ces conversations interminables. Lui, le dentiste parisien qui avait commencé sa carrière en Afrique et dont le fils vivait à Los Angeles, aurait bien aimé socialiser avec les gens du village de ma grand-mère, mais il avait beau s'efforcer de terminer ses phrases du "Miladiou" local, il en restait étranger.
Parfois, Jojo arrivait à croiser ma grand-mère et je sentais combien ça le rendait heureux. Son front s'agrandissait et ses yeux s'ouvraient pour ne rien rater de ses gestes. Elle était étonnament familière avec lui. Elle y mêlait sa gouaille de parisienne et son patois du pays, son charme de grande dame du monde et sa brusquerie de fille de la campagne. Elle lui disait de se laver et qu'il sentait trop fort, qu'il avait de la chance que sa femme ne le jette pas à la rivière avec un baril de poudre sur la tête. Elle se moquait de ses dents. Il lui répondait qu'il n'était pas dentiste.
Pour moi, Jojo c'était le père de ma copine Yvette. Chez eux, il n'y avait pas de Frigo et la viande était suspendue au plafond, intercalée avec les rubans tue-mouches. Il n'y avait pas de salle de bain non plus et Yvette se lavait les dents dans la bassine de la vaisselle. Je me souviens de l'odeur : un mélange de vache et de café réchauffé. Les meubles collaient. Un jour, Yvette m'a dit que son père et ma grand-mère avaient voulu se marier quand ils étaient encore à l'école et puis qu'elle avait rencontré mon grand-père à un bal... Elle était toujours son grand amour.
Je suis la petite fille du dentiste, j'ai grandit sur ses genoux bercée par les histoires de Tarzan dans la jungle. Parfois, comme lui, je décroche d'une conversation et je divague lentement vers les rives infinies de mon imagination. Je n'aime pas la bière et j'ai un faible pour les pêcheurs de truite, mais j'ai aussi une immense tendresse pour l'odeur de vache et de café réchauffé.
Photo : Louis Grès, Grizac Lozère 1993 série Paysans, Raymond Depardon
Rédigé à 22:56 dans J'aime les histoires | Lien permanent
Comme tout ceci est fragile. J'aime le travail de cette artiste, Csilla Klenyánszki, qui a intitulé cette série de photographies "Good luck". Cette oeuvre me rappelle combien je suis faite de doutes de toutes sortes, mais qu'aucun d'eux n'est assez bancal, au final, pour m'empêcher de construire. Aucun doute n'est suffisamment raisonnable pour nuire à ma folle détermination. Le seul risque c'est la douceur des choses... comme une main sur une peau de velours... ça glisse.
Rédigé à 02:59 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
J'ai longtemps fait ce même rêve lorsque j'étais enfant. Dans l'appartement de mes grands-parents, je dormais dans la dernière chambre, au bout du long couloir, et chaque nuit, un vampire venait. J'entendais ses pas, lents, sur le parquet, je ne pouvais fuir nulle part, il entrait, se penchait sur moi et me dévorait le cou. J'étais prisonnière de cette peur que je construisais de toute pièce, et dont je ne savais plus me défaire. Un soir, après s'être levée plusieurs fois, ma grand-mère excédée me dit : "C'est à toi de te débarrasser de ce vampire, je ne sais pas comment tu dois faire, mais trouve un chemin". Ce soir là (ou peut-être quelques nuits plus tard) j'empoisonnais mon vampire, une bonne fois pour toute, en lui offrant une tartine de fromage frais, dans laquelle j'avais dissimulé une gousse d'ail. J'avais trouvé, toute seule, une solution à la hauteur de mes 7 ans et je m'étais libérée d'un schéma éprouvant.
Plus tard, dans la vie réelle, il m'est arrivé plusieurs fois de me retrouver à nouveau dans une chambre au fond du couloir. Dans des situations qui avaient tout l'air d'être objectivement des impasses, voir même des gouffres desquels il semblait impossible de ressortir vivante. Mais chaque fois, je me reconnectais à ce demi sommeil et quelqu'un me soufflait : Trouve un chemin...
Le nouveau chemin, je crois que c'est toujours un nouveau point de vue de la situation. Une façon nouvelle de formuler l'épreuve. C'est notre capacité à chacun de déplacer le malheur, de changer notre vision du bonheur, d'évoluer, bref, de modifier notre interprétation de la situation. Cela me rappelle cette récente leçon apprise d'un chercheur scientifique, très pragmatique : Si tu ne trouves pas la réponse à la question, alors, change la question...
Je regarde 2014 comme on fixe l'horizon au bord de la mer. Pas d'impasse, mais l'immensité devant moi. Quelques pistes éparses, plusieurs vents qui me soufflent des élans contraires, parfois encore, le bruit du parquet qui craque pendant la nuit, mais je suis étonnement sereine. Une petite voix me dit : Stop, prends le temps ! Observe ! et trouve un chemin ! Yallah !
Rédigé à 11:36 dans J'aime les guides, J'aime les idées | Lien permanent
Chancer /ʃɑ̃.se/ verbe transitif du 1er groupe
Définition 1 : Être son propre voeu, tenter le bonheur, agir de manière favorable, se rendre disponible au possible... (dérivé : "Chansemer" = planter l'espoir et le laisser pousser. Accepter de gagner sa vie comme si finalement on la méritait vraiment)
Définition 2 : Ouvrir la bonne porte, être là au bon moment, foncer en gardant les yeux ouverts !
Témoignage personnel : "Change ! Chante ! Chance ! Que souhaiter d'autre à sa propre vie en ce début d'année. Changeons ! Chantons ! Chançons !"
Déjà entendu chez un chanceux : "Que la lumière soit, et la lumière fut"...
Synonymes : possibiliser, favoriser, fortuner
Photographie Alexey Brodovitch
Rédigé à 13:53 dans J'aime les idées | Lien permanent
Au petit drame quotidien, inévitable, je dédis ces pensées du soir. Je les dédicace même. Prenant le temps de bien les observer et de choisir les mots. Drame en un acte, scène 1. Car il faut prendre le temps de se regarder dans les yeux, vous et moi, pour sentir passer l'inutile devant soi, et prendre bien soin de le laisser filer, en ne ratant rien du spectacle honorable d'un petit drame qui s'en va.
Respirer, prendre l'air. De longues et profondes bouffées de vitalité.
Parti ?
Très bien, reste alors à renflouer vous et moi, le prochain maintenant, et les maintenant d'après, de ces quelques grammes évanouis.
Photo extraite de la série Good Luck de CSILLA KLENYÁNSZKI
Rédigé à 22:58 dans J'aime les idées | Lien permanent
Une fraîcheur dans la nuque me réveille.
Comme ces rares matins lumineux où l'on se souvient de nos rêves... Que s'est-il passé ? Un courant d'air s'est infiltré par la fenêtre et a libéré cette mouche grésillante qui séjournait à l'empyrée du passé, m'empêchant de dormir ici et maintenant. Relâchée, au dehors, mouche parmi les mouches.
Enfin le réveil, le silence du présent libéré.
L'esprit clair, les idées pures, je me souviens du futur.
Photo de Jason Eskenazi extraite de la série Wonderland
Source inépuisable d'inspiration : Le facteur temps ne sonne jamais deux fois - Etienne Klein
Rédigé à 09:11 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent
Sur ce chemin de montagne, où les jours se suivent comme on avance pas à pas, respirant sans y penser, il y a parfois la nécessité d'enfoncer un piolet dans la roche... en espérant que si je glisse quelques mêtres plus loin, dévalant tête en bas, lâchant tout de ce que j'aurais cueilli, je reviendrai au moins à ce matin là.
Le matin du 21 novembre 2013 : je me souviens de tout avec précision, et tout ce qui est précis dans ma mémoire m'appartient pour toujours. Toujours ce réveil, ces draps, cette mèche, ce café, et dans la boîte aux lettres ce livre... ce signal que la vie m'envoie pour me rappeller que c'est un jour où il faut assurer son piolet. A chaque fois que je reglisserai jusqu'ici, croyant tout perdre, je me souviendrai que tout est possible.
Rédigé à 09:39 dans J'aime les artistes | Lien permanent
Amériquer /a.me.ʁi.ke / verbe du 1er groupe
définition 1 : Aimer, Admirer, Aduler, Voir grand... (dérivé : Projeter d'y construire un nouveau territoire)
définition 2 : Considérer avec un étonnement mêlé de plaisir ce qui paraît immensément beau, comme une terre vierge à conquérir
Témoignage personnel : Immobile, allongée sur une mer d'huile, je te regarde te lever tôt. Ton corps se redresse et s'arrache aux draps que tu laisses. Quelques gouttes de sommeil coulent le long. Tu enfiles le rôle et le jour commence avec toi. Je t'amérique.
Déjà entendu chez un américoeur : "Je ferai un domaine où le ciel sera loi, où le ciel sera roi, où tu seras reine. Ne me quitte pas."...
Synonymes : Je te tropique
Synonymes dérivés : Tu mexiques, ils (ou elles) martiniquent...
Rédigé à 09:08 dans J'aime les artistes, J'aime les idées | Lien permanent