Il était une fois, une barque en plastique orange amarrée à un arbre, le long de la Dordogne, au pied de la maison de mon arrière grand-mère, à Cénac. Sa corde longue plongeait dans l'eau et balançait dans le courant. De longs filaments de vase s'y laissaient bercer. Quand le vent se levait, de ma chambre j'entendais la barque tanguer contre les racines dont le bruit sourd et entêtant enfonçait le clou du souvenir.
Ce martèlement lancinant est devenu le tempo de ma tempête intérieure, marquant du seau des esclaves mon caractère obstiné et obsessionnel. Je lutte pour tirer mes pensées au plus loin de toi, mais comme la barque attachée à l'arbre la moindre vague m'y fait cogner.
Mais... Maiéééééé.... patiente mon enfant, car le temps passe et finalement les histoires évoluent, promet ma mère. Toutes les litanies s'éteignent doucement. Chaque été, la même barque orange, le même arbre aux racines profondes, mais peu à peu la rivière diminuait et la plage de galets s'agrandissait, jusqu'au jour où un banc de sable et de galets séparèrent définitivement la barque de l'arbre. Un été la barque a disparu. Il n'y avait dès lors, rien de plus douloureux que la vision de cet arbre, seul au milieu de l'herbe, comme s'il n'avait jamais connu l'eau.
Quant à la barque, on lui souhaite de dériver (dérêver ?) ailleurs non ?
C'est très beau, très sensible, triste et amusant, c'est tout toi.
Rédigé par : Judith | 10 mai 2013 à 10:28
Une douce mélancolie
Rédigé par : Julia | 10 mai 2013 à 15:16
Quelle belle histoire
Rédigé par : Aurore | 11 mai 2013 à 00:48
bravo fanfan c'est sublime
Rédigé par : Delphine | 11 mai 2013 à 20:24
une larme m'a noyée en même temps que cette plage de galets s'agrandissait séparant la douceur d'une mémoire égarée par la dérive d'une barque.
C'est moi qui te l'offre ce poème écrit un jour de spleen sur cette plage.
"la vie est un fluide sanglant
giclant de tout notre être,
épuisés, meurtris, nous barbotons
en quête de quelques rives nouvelles."
maman
Rédigé par : k | 11 juin 2013 à 12:12