J'aime les conversations le matin au réveil. Elles sont encore toutes imprégnées de rêves, un peu cotonneuses, et diffuses, mais laissent filer quelques idées clairvoyantes. Debout, les pieds nus, on écarte doucement la nuit et le rideau s'ouvre au jour. La voix est plus douce et les idées à débattre s'articulent posément, humblement, avec une volonté de paix et de partage. C'est dans ce moment privilégié de l'intime, basculant entre "retiens la nuit" et "bonjour le jour" que j'aime écouter et refaire le monde.
J'aime aussi les conversations du soir dans les draps. Elles sont lourdes à porter, comme s'il fallait convaincre des chevaux récalcitrants de tirer la charrue. Mais chaque effort est récompensé, car dans cette longue et douloureuse fatigue verbale, chaque idée extirpée fera la nuit. Allongés l'un contre l'autre, dans le silence, les idées continuent de fusionner et se reproduisent. Les noeuds de résistances se délient, le conflit s'endort.
Bien sûr il reste les insomnies et les matins solitaires.
Vous qui dormez dans le même lit, profitez de cette couette tirée, de cette haleine, de ces idées brouillonnes. Aimez les autant que je vous envie. Et pensez-y en ouvrant le rideau.
Tableau de Jarek Puczel
Magnifiques cette peinture et ce commentaire!
Rédigé par : quenotte | 05 mars 2013 à 09:13
Si seulement les idées fusionnaient quand on dort... N'idéalise pas trop la vie de couple.... dixit "Vis ma vie de couple de M"... Baisers Fanny
Rédigé par : Renée | 05 mars 2013 à 10:23
Je n'ai qu'un mot, Fanny : magnifique !
Rédigé par : Jean-Marc | 06 mars 2013 à 22:14