Quelle folie de croire savoir qui on est. Quelle imprudence de penser que l'on sait exactement ce que l'on veut. Les plus chanceux ont une intuition, une inspiration qui leur permet de choisir plus ou moins sereinement un chemin. Moi qui ai appris à faire des choix, à me définir, à tordre le monde selon ma volonté, je comprends maintenant que j'ai réussi à être parfois là, ici et maintenant, presque alignée à l'une d'entre moi, mais rien d'autre. Rien de définitif.
Je commence à sentir que rien n'est plus illusoire que de savoir qui on est. Je suis vivante, je suis une femme, je suis mère... De ces trois affirmations objectives, je saisis la fragilité, la volatilité.
Je sais d'où je viens et j'embrasse totalement mes racines. Je les aime, je les protège, je les arrose. Elles me permettent de m'égarer dans les forêts, de me dresser contre une tempête et d'en perdre toutes mes feuilles. Le coeur gelé et les branches arrachées, je sais que le printemps y puisera de nouveau goulûment sa sève.
Je sais qui je suis, là, ce soir, entre deux sommeils, inspirée. Je connais ma source. Mais demain, reposée, goûtant une autre eau dont les bienfaits seront différents, j'aurai sans doute un autre visage. Pas tout à fait une autre, pas tout à fait la même. Je suis déjà très différente sous le regard de Julia, Laura, Sibylle, Géraldine, ou Valérie, mes "soeurs"... Chaque rencontre, quand elle est réélle, me change. Et c'est précisément à cet endroit que j'arrête de choisir. Je me prends ainsi, éclatée. Il faut juste un grand bus pour faire rouler toutes ces Fanny sur la même route.
A moins que... Je ne vois que ça... On s'écarte totalement du monde et qu'on évite la rencontre. Là, seul, droit, sec, empaillé, je saurai de quoi je suis fait. Un renard argenté, monté sur roulettes, filant droit, bien droit dans le mur.
A 37 ans passé, je ne me connais toujours pas bien
Rédigé par : madamezazaofmars | 09 décembre 2012 à 10:25
Sans pitié l'image sur renard empaillé... juste insolence.
Rédigé par : Olivia | 09 décembre 2012 à 21:09